Il y a dix ans, Christian Jeunet tombait amoureux de la ville de San Francisco. Un coup de foudre pour ce réalisateur et producteur, installé en France, et qui a notamment travaillé avec Claude Chabrol et produit des jeux télévisés tels que Star Quizz sur Canal +.
«J’étais déjà venu aux Etats-Unis, mais je n’avais jamais ressenti cela auparavant, la ville m’a tout de suite plu. En rentrant en France, je savais que je ferai un film un jour, mais je ne savais pas encore quoi exactement, comment et par quel angle le prendre.»
C’est sa rencontre avec les auteurs du blog «Only in San Francisco» qui va mettre la machine en marche. «J’ai découvert que c’était deux Françaises qui se cachaient derrière ce blog, Jacqueline Souchon et Geneviève Gaillard, qui ont par ailleurs publié un livre : San Francisco et nulle part ailleurs. L’aventure a alors commencé, et c’est avec Jacqueline que nous avons plongé dans ce projet.»
Huit ans de tournage, entre 100 et 150 interviews, des rencontres étonnantes, un San Francisco vrai, c’est le pari de «San Francisco, beyond the postcard». Christian Jeunet ne tenait pas à faire un film classique sur San Francisco, son objectif était de sortir des sentiers battus et de faire un documentaire visible à l’international. Après avoir pensé à construire la narration sur les pérégrinations d’un photographe dans la ville, puis sur celles d’un chien – San Francisco étant une ville canine par excellence – c’est au détour d’un courrier de Henri Ford écrit en 1940 au sujet de San Francisco que la bonne idée lui est venue.
« Henri Ford, venu à l’occasion de l’inauguration du Bay Bridge, parle de San Francisco comme n’importe quel touriste en parlerait encore aujourd’hui, avec le parcours classique. Je suis donc parti de cette lettre pour introduire le film, et j’ai décidé d’injecter une nouvelle lettre écrite par un narrateur qui expliquerait pourquoi il aime cette ville. L’idée était de sortir des clichés habituels».
En outre sa volonté était de rencontrer ceux qui font la ville, alors au lieu d’aller vers ses relations déjà installés dans la Baie et d’interviewer des amis d’amis, il a trouvé une stratégie pour le moins originale : “J’ai beaucoup construit mon casting autour de personnes qui utilisent le site internet couchsurfing, un site créé à San Francisco, et qui offre un bel éventail de personnalités différentes.”
Il arrive de France pour présenter la première partie de son film à l’Alliance Française de San Francisco ce jeudi 13 novembre, première partie d’un film qui fera au final 110 minutes. «Il me reste encore la deuxième partie à monter et je souhaite présenter le film au grand public dans un cinéma mythique de San Francisco d’ici juin 2015, le Castro Theater, par exemple. Nous lançons donc une campagne Indiegogo cette semaine pour le financement du reste de la post-production. Je voulais en effet être libre dans la création, et j’ai donc produit indépendamment la totalité du documentaire pour ne dépendre d’aucun dictat lié habituellement au contrat passé avec les chaînes de télévision.»