À 20 ans, Samuel Marie était promis à une grande carrière. Ski, vélo, parachute ou parapente: le sport extrême rythmait la vie de ce cordiste de métier. Jusqu’à ce qu’une chute de six mètres lors d’une journée de travail lui brisa les cervicales et le contraignit à la tétraplégie, une paralysie des quatre membres.
Aujourd’hui, dix ans et une trentaine d’opérations chirurgicales plus tard, il a retrouvé davantage de mobilité dans les bras et dans les mains. Suffisamment, il en est sûr, pour relever le défi qu’il s’est lancé : voyager à travers 16 pays, soit 60 000 kilomètres parcourus à bord d’un fourgon aménagé. Parti le 9 juillet dernier, le jeune homme débute son périple par le Canada, qu’il traversera d’Ouest en Est avant de rejoindre les Etats-Unis à la mi-septembre. Au total, il s’arrêtera dans 13 villes américaines, dont San Francisco, Las Vegas, Saint Louis, Dallas ou Miami et terminera par New York, qu’il espère rallier aux alentours du 17 décembre, “en prenant [son] temps“.
Après un tour d’Europe réalisé ces dernières années, Samuel Marie a eu l’envie de voir plus grand. “Je me déplaçais avec un petit véhicule adapté à ma pathologie. Mais pour ce long voyage, je devais partir accompagné d’un infirmier, pour qu’il me dispense des soins. Et donc trouver un fourgon dans lequel on puisse vivre à deux”, explique-t-il. Une douche et deux chambres adaptées à la pathologie de Samuel Marie sont installés dans ce “concept-car” créé sur mesure, ainsi qu’un poste de conduite assisté qui lui permet de piloter avec un système de poignées. Le but étant qu’il reste “le maître du voyage du début à la fin”.
Ce projet, tout à fait personnel au départ, a gagné en ampleur. “Au début, je voulais juste continuer à faire ce que j’aimais : voyager et faire des rencontres. Mais en voyant le nombre de messages de soutien et d’encouragement que j’ai reçu, j’ai compris que ce voyage allait au-delà de ma petite personne et pouvait concrètement faire avancer la cause du handicap”, souligne-t-il.
Pour cela, plusieurs start-ups, chercheurs et universitaires se sont associés au projet nommé “Sam Fait Rouler” pour analyser les données que Samuel Marie fera remonter du terrain. À terme, des solutions pérennes pour faciliter la mobilité pourraient voir le jour. “En terme d’accessibilité et d’équipement, l’innovation doit être encouragée. De cette manière, on parviendra aussi à la réduction des coûts”, ajoute-t-il.
Les mots d’ordre du voyage : rigueur et plaisir. Car, “passées les formalités techniques et les contraintes liées à l’hygiène de vie, ce n’est que du bonheur. Je suis exactement là où je dois être”.