Une brise légère dans les cheveux, le doux balancement des vagues et la Statue de la Liberté en fond à quelques mètres seulement…
Sur le pont du bateau, le capitaine vous propose un verre de vin et des olives, tandis qu’au loin, dans un brouhaha impossible, des ferries bondés de touristes se vident et se remplissent.
Cela ressemble à une scène de film et pourtant, c’est le concept de Sailo, une start-up de location de bateau à la carte. Le principe est le même que celui d’Airbnb : un client entre des dates, un budget, la prestation souhaitée, un lieu de navigation, et la plateforme lui propose plusieurs possibilités.
« On s’est rendu compte qu’il n’y avait aucune offre disponible pour la location de bateaux à la carte, explique Delphine Braas, une des quatre fondatrices de Sailo. Tout était compliqué : trouver un bateau, le louer pour une heure ou deux, et payer en ligne. Il y avait un vide et on l’a comblé », sourit la Belge trentenaire.
Sailo est né à New York en septembre 2014 et a loué son premier bateau en février 2015. Les choses sont allées très vite : la start-up a intégré l’accélérateur Techstars à Manhattan, ce qui lui a permis une première levée de fonds en décembre 2015.
Aujourd’hui, plus de 5.000 bateaux sont disponibles sur la plateforme, du 12 pieds à moteur à 210 $ la journée au catamaran, en passant par le yacht grand standing à 240.000 $ la semaine. On peut louer à Miami, en Californie, dans les Hamptons et aussi dans les eaux turquoises des Caraïbes.
« On travaille avec des loueurs professionnels mais aussi avec des particuliers, raconte Delphine Braas. Les professionnels sont souvent tributaires d’intermédiaires comme les hôtels qui prennent de grosses commissions, ce sont aussi des gens qui ne savent pas ou ne veulent pas faire de publicité ». Quant aux particuliers, ils mettent à profit un bateau qu’ils n’utilisent souvent que quelques jours dans l’année.
Les quatre co-fondateurs, Adrian Gradinaru, Magda Marcu, Bogdan Batog et Delphine Braas sont tous amis, et tous Européens. Certains se connaissent depuis l’enfance, les autres se sont rencontrés sur les bancs de l’Université Columbia à New York. « Ça explique notre implantation aux Etats-Unis d’une certaine manière, mais c’était aussi plus facile de se lancer ici, explique Delphine Braas. New York encourage l’innovation, l’écosystème est très favorable. Et si une start-up fonctionne aux Etats-Unis, un gros marché, elle a de grandes chances de fonctionner ailleurs. L’Amérique est un test ».
« C’est assez fréquent qu’une entreprise passe par Sailo dans le cadre d’un team building, pour souder ses équipes. Dernièrement une grosse compagnie a organisé à Newport une mini frégate pour ses collaborateurs sur de vrais bateaux de course », poursuit Delphine Braas.
Un peu plus loin sur le port, deux amis se présentent au capitaine du NYC by Sea. Mike est skipper privé depuis des années et il a rejoint Sailo en août dernier, pour dit-il se faciliter la vie. « C’est très pratique pour moi comme pour les clients. Ils ont choisi le bateau sur photos, ils connaissent les prestations, il n’y a pas de mauvaises surprises ». Pour une balade d’une heure sur son bateau à moteur, “captain Mike” demande 250 dollars par couple. Le temps de faire le tour de la Statue de la Liberté, de remonter jusqu’au pont de Brooklyn et de revenir tranquillement par Battery Park. « Il m’est arrivé plusieurs fois d’assister à une demande en mariage ! ».
Cet été, Sailo s’est lancé en Europe. Un marché très porteur pour la start-up puisque 80 % des bateaux de plaisance se louent sur le Vieux continent. « La France, l’Italie, l’Espagne ou encore la Grèce sont des pays de voile. Il est indispensable d’être présent ». D’ailleurs, l’ouverture d’un bureau en Europe fait partie des projets à court terme.
Après à peine deux ans d’existence, la start-up ambitionne d’effectuer une nouvelle levée de fonds courant 2017 qui lui permettrait d’élargir son parc à 20.000 bateaux disponibles sur sa plateforme en ligne.