Le week-end prochain, les 22 et 23 mars, douze catamarans de type F50 (50 pieds de haut, 15 mètres) s’affronteront sur la Baie de San Francisco lors de la 5e épreuve de l’édition 2025 de SailGP, une course de voile survoltée au cours de laquelle les bateaux montés sur foil, décollent de l’eau pour atteindre des pointes à plus de 100 km/h. Créée en 2019 par Larry Ellison, fondateur d’Oracle, SailGP voient s’affronter ces formules 1 des mers tout autour du globe, et le vainqueur remportera la somme rondelette de 7,5 millions de dollars.
La France est l’une des six équipes originelles de SailGP. Depuis la saison 2, elle est dirigée par le pilote Quentin Delapierre, un skipper expérimenté qui a notamment participé aux JO de Tokyo en 2020, et qui ne boude pas son plaisir : « SailGP est la plus belle et la plus renommée des courses à la voile. Elle réunit les meilleurs athlètes du monde, et c’est sans doute la seule ligue de sport qui permet de se régaler devant l’opéra de Sydney, la Statue de la Liberté ou le Golden Gate… ».
Classés 6e avant la course de San Francisco, les Bleus ont vu leur début de saison décalé en raison de la livraison d’un nouveau bateau. En effet, ils n’ont pas pu participer aux courses de Dubaï et Auckland, et ont dû attendre Sydney puis Los Angeles pour étrenner leur nouveau bolide. « La base de ce bateau est arrivée en finale de l’America’s Cup 2013. Nous avons décidé de garder son nom d’origine, « Aotearoa », qui signifie « le pays du long nuage blanc » en maori, en espérant nous attirer les faveurs de la météo », plaisante Quentin Delapierre.
La Baie de San Francisco est connue pour sa météo changeante, animée par des vents souvent violents, des conditions particulièrement recherchées par les marins. « San Francisco est le plan d’eau le plus dur de la saison », reconnaît Quentin Delapierre. « La baie est très étroite, avec des courants forts qui peuvent modifier l’état de la mer très, très vite. En outre, le vent est assez froid, ce qui change la densité de l’air. Les rafales sont en général très lourdes, et difficiles à contrôler. »
Pour le seconder, Quentin Delapierre peut compter sur Manon Audinet, la stratégiste de l’équipe. « Je suis à l’arrière du bateau, et je dois décider de la meilleure route à tirer selon les conditions, précise t-elle. Je m’assure également que les priorités sont respectées, afin d’éviter les crashs. » Malheureusement, lors de la dernière course de la saison 2024 à San Francisco, les Bleus avaient vu leur place en finale leur échapper au dernier moment après une collision avec l’équipe danoise. « On a eu la sensation d’avoir fait cadeau de notre place en finale, alors qu’on s’y voyait déjà », regrette Quentin Delapierre. « Ce sont des moments qui marquent une carrière, et qui nous donnent une furieuse envie de gagner cette année….»
Pour se préparer à chaque grand prix, les équipes disposent d’un temps très restreint, afin de réduire l’écart technique entre les nouveaux venus et les vétérans de l’épreuve. En revanche, elles peuvent s’appuyer sur les dernières technologies : en effet, chaque jour, 53 milliards de points de données sont collectés des F50 et servent à analyser les courses précédentes pour préparer la suivante. « On développe notre capacité d’analyse sans être sur l’eau, résume Quentin Delapierre. On se repasse toutes les régates qui ont eu lieu à San Francisco, afin de définir des règles de fonctionnement, des points de repère sur ce plan d’eau, et on les adapte selon les conditions de course. »
Forts d’un solide esprit d’équipe et d’une maturité acquise au fil des ans et des courses, les Bleus croient en leurs chances : « On a tout ce qu’il faut pour réussir. À nous de délivrer et de prendre un maximum de plaisir. »