S’il y a une technique de préparation à l’accouchement et à la parentalité qui s’arrache en Europe, c’est bien l’haptonomie. Contrairement au yoga prénatal ou à l’acupuncture, elle suppose une participation constante du père et cette « science de l’affectivité » théorisée par le chercheur franco-néerlandais Frans Veldman à partir de l’Après-Guerre est plébiscitée par les couples modernes.
Pour plus de la moitié des Français, le lien mère-enfant-père se crée en effet pendant la grossesse, selon l’un des rares sondages réalisés sur le sujet par Ipsos en 1988. Mais rien de tel aux Etats-Unis, où l’haptonomie pré et postnatale (et l’haptonomie en général) est totalement méconnue, malgré les efforts d’une sage-femme française d’Austin, au Texas, pour la faire connaître.
« Quand je suis arrivée, en 2012, je finissais ma formation en haptonomie. Je suis rentrée quatre fois en France pour la terminer cette année-là », raconte Anne Caron-Leclerqc, qui a toutefois accompagné deux couples français d’Austin attendant un enfant dès cette première année passée sur le sol texan.
Après avoir accompagné encore un autre couple en haptonomie en parallèle de sa propre grossesse en 2013, cette professionnelle, ayant travaillé à la fois comme sage-femme libérale et en hôpital, s’est ensuite déplacée jusqu’à San Francisco l’année suivante, à l’invitation d’un couple de Français vivant dans la “City by the Bay”. Avant de s’attaquer, cette année, à obtenir l’équivalence de son diplôme aux Etats-Unis.
« Cela suppose de faire dix accouchements dont au moins cinq pour lesquels on a suivi la grossesse », explique la trentenaire, qui a alors commencé à travailler à l’Austin Area Birthing Center, d’abord comme stagiaire, et maintenant comme assistante sage-femme, en attendant la reconnaissance de son diplôme, pour le moment bloquée faute de détails suffisants sur sa formation initiale. « C’est très difficile de reconstituer le détail des enseignements suivis il y a plus de dix ans. Mes archives sont en France et mon école n’a pas gardé trace des cursus alors suivis », explique Anne Caron-Leclerqc.
« J’ai beaucoup appris en travaillant à la maison de naissance depuis le mois de février, notamment développé tout un vocabulaire pour accompagner au mieux ses patients, mais aussi expliquer à des Américains en quoi consiste l’haptonomie », indique la sage femme.
Alors, même si elle n’a toujours pas rattrapé le niveau de revenus qu’elle avait en France, Anne Caron-Leclerqc continue de s’épanouir professionnellement. Son dernier accomplissement : l’accompagnement d’un premier couple américain en haptonomie. « Je les ai rencontrés dans le cadre de mon activité indépendante d’aquagym prénatale. La femme avait lu la section de mon site dédiée à l’haptonomie, et quand nous nous sommes rencontrés, on en a parlé, je les ai accompagnés et cela leur a beaucoup plu. » La sage-femme espère maintenant qu’ils accepteront de témoigner de leur expérience quand elle ira présenter l’haptonomie à l’association des professionnels de la naissance d’Austin.
Et surtout qu’ils feront des émules. « En travaillant à l’Austin Area Birthing Center, j’ai maintenant pignon sur rue. J’ai établi des relations de confiance avec mes collègues sage-femmes et tout le monde connaît ma spécialité, dit-elle. Je suis la seule praticienne en haptonomie aux Etats-Unis. »