Une vague rosée déferle sur les États-Unis. Le pays confirme son engouement pour les vins de Provence en restant le premier marché d’exportation avec 43% du total des rosés français exportés en 2016, selon le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence. Les Américains en sont d’ailleurs les deuxièmes consommateurs au monde, derrière les Français.
Une success-story en partie écrite par Sacha Lichine qui produit le rosé le plus vendu sur le territoire américain ainsi que la cuvée la plus chère au monde. Le Français a bouleversé la sphère viticole en faisant de ce vin fruité, longtemps considéré comme bon marché, un produit de luxe qui s’invite dorénavant sur les tables des grands restaurants.
« Le rosé n’est pas qu’une boisson de plage qui se consomme avec des glaçons », indique ce fils d’œnologues d’origine russe installés à Bordeaux. Le vigneron de 57 ans est à la tête du Château d’Esclans, un domaine près de Fréjus (Var) qu’il a acheté en 2006 au moment où la consommation de rosé n’était qu’essentiellement estivale et ne dépassait pas les frontières françaises. « C’était un pari fou mais les perspectives de croissance me sont apparues infinies car tout restait à faire. L’idée était alors de produire un vin que nous aurions aimé boire, si par malheur nous n’avions pas pu le vendre », dit-il avec humour.
Pour susciter l’intérêt des vendeurs, Sacha Lichine a dû se retrousser les manches et faire preuve d’un peu de patience. « Comme le produit n’était pas encore populaire, j’ai dû endosser le rôle de VRP et faire du porte-à-porte car il n’y avait pas d’autre façon pour convaincre », explique le viticulteur qui, marchant sur les traces de son père, a débuté son aventure outre-Atlantique. « Je suis parti à Chicago dans l’Illinois car c’est un État où il fait souvent froid, alors je me suis dit que si j’arrivais à vendre mon rosé là-bas, je le vendrais de partout, insiste-t-il. J’ai été confronté à plusieurs vendeurs qui n’y croyaient pas, car pour eux le rosé était un produit bas-de-gamme. Puis, après quelques gorgées, ils m’en ont acheté plusieurs caisses ».
Quatre rosés sont estampillés Château d’Esclans dont le Whispering Angel, le plus vendu, et le Garrus qui avoisine les cent dollars la bouteille, ce qui en fait le rosé le plus cher au monde. Chaque cuvée est issue des cépages grenache, cinsault et rolle, et est assemblée selon un cahier des charges rigoureux. « Le rosé doit être produit comme un grand cru, car il est plus facile de réussir un vin moyen que d’en faire un excellent ».
Depuis la création de la marque, les ventes ont explosé : près de 130.000 bouteilles écoulées la première année, cinq millions aujourd’hui. Les rosés de Sacha Lichine sont vendus dans une centaine de pays à travers le monde et plus de la moitié du chiffre d’affaires est réalisé aux États-Unis. « J’espère pouvoir rapidement doubler la production car il faut toujours plus de volume », indique le vigneron qui, après avoir passé plusieurs années à Boca Raton en Floride, vient de rentrer en France pour superviser la production. « La Californie et le Chili vont apprendre à produire de bons rosés et si les clients ne peuvent plus s’approvisionner par manque de vins, ils se tourneront vers ces nouveaux marchés. Il est impensable de perdre notre avance car le rosé doit rester associé à la Provence et continuer à faire rêver dans le monde ».
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Sacha Lichine, comme son père Alexis avant lui, est une force dans l’exportation des vins français aux Etats Unis. On buvait du rosé à New York dés la fin des années soixante dix, et les meilleurs étaient (et sont encore) Domaine Tempier, Chateau Minuty et bien sur Domaine Ott.