Il faut croire que la France et l’Europe n’étaient plus assez grand pour lui. Le Stade Toulousain, le club de rugby le plus titré du continent européen (21 titres de champion de France, un record; 5 coupes d’Europe, un autre record), a décidé de s’attaquer aux États-Unis : il a conclu un partenariat avec les Utah Warriors, le club de Salt Lake City. Il vient également d’annoncer qu’il en profitera pour effectuer une tournée aux Etats-Unis à l’automne (pendant la coupe du monde en France) où il affrontera… la sélection nationale américaine ! (dimanche 17 septembre à 16h à Sandy, Utah)
Le projet entre les deux formations a pour objectif de développer les marques de chaque équipe ainsi que le rugby à l’échelle internationale. Sur le sport mais pas seulement : le marketing, la communication, et toutes les autres ressources et initiatives de développement technologique seront également concernés.
Pour Didier Lacroix, le président du Stade Toulousain, « cette initiative aidera à étendre notre marque et le savoir-faire de notre organisation dans une région où le rugby est dynamique, qui accueillera les prochaines Coupes du Monde de rugby en 2031 (ndlr : masculine) et 2033 (féminine) ».
Le club du sud-ouest de la France a réussi à opérer un retour sur le devant de la scène ces dernières saisons. Après une décennie 2010-2020 délicate sur le plan des résultats sportifs mais aussi économiques, l’institution de la Ville Rose a su se réinventer. Une génération d’exception emmenée par celui que beaucoup considèrent comme le meilleur joueur du monde, Antoine Dupont, a renoué avec les titres (champion de France en 2019 et 2021, champion d’Europe en 2021). Surtout, les finances ont été assainies et le Stade a aussi fait parler de lui pour sa capacité d’innovation, à l’image du film documentaire sur les coulisses du club sorti au cinéma l’an dernier dans l’Hexagone.
« Nous sommes proactif dans notre stratégie de développement international, poursuit le dirigeant toulousain. Se rapprocher des Warriors était un choix évident, non seulement car nous partageons les mêmes valeurs et visions, mais aussi car le club de Utah a été à l’origine de la création de la Major League Rugby et de la croissance du sport en Amérique du Nord. »
Didier Lacroix y voit même des parallèles entre les deux régions : « Salt Lake City et Utah sont au cœur d’un territoire aux similitudes évidentes avec l’Occitanie et le Stade Toulousain, développe-t-il. Lors de notre visite, nous avons pu apprécier le mode de vie et l’environnement de Utah dans les secteurs de l’innovation, l’industrie, le tourisme et la technologie. L’accueil chaleureux réservé de la part du gouvernement local, des autorités dirigeantes du sport et des acteurs économiques a été exceptionnel. »
Du côté des Warriors, s’associer au club le plus populaire du continent européen est aussi une belle réussite. « Pour les Américains, le Stade Toulousain s’apparente aux Dallas Cowboys ou au Real Madrid, pointe Kimball Kjar, PDG et cofondateur des Utah Warriors. Pouvoir s’associer à une équipe qui a connu un tel succès historique et qui est aussi innovante et avant-gardiste représente un réel honneur. Il sera passionnant de voir ce que ce projet fera pour la MLR et le rugby en général, ici, aux États-Unis. Cela va créer un changement de paradigme à l’échelle mondiale pour le jeu et les affaires liées au rugby. »
Concrètement, les deux marques vont pouvoir s’enrichir l’une l’autre de leurs spécificités. Des collaborations plus spécifiques sont également prévues. De futurs camps de développement et de stages de rugby pour les joueurs et les entraîneurs aux États-Unis et en France sont notamment en discussion.