Le jury n’a pas hésité longtemps. Après dix jours de procès et une délibération éclair, les 12 jurés ont déclaré Rudy Kurniawan coupable.
Tout au long des audiences, les témoignages accablants s’étaient accumulés, notamment des vignerons français venus défendre leur réputation et inquiets de la recrudescence des fraudeurs. Le marchand et collectionneur indonésien a été reconnu coupable des deux chefs d’accusation retenus contre lui : fraude visant à vendre des vins contrefaits et fraude électronique visant à escroquer une institution financière. Un juge prononcera sa peine en avril prochain. Il risque un maximum de quarante ans de prison.
Jour après jour, l’accusation a soigneusement démoli la réputation de celui qui faisait figure, avant son arrestation, d’expert mondial du vin. Le procureur a présenté à l’audience fausses bouteilles de grands crus, fausses étiquettes, cire, tampons et cahiers de notes retrouvés chez Rudy Kurniawan en Californie au moment de son arrestation en mars 2012, ainsi que des photos et des e-mails.
C’était un « faussaire de vins prolifique, qui, dans sa cuisine en Californie, avait assemblé tout ce dont il avait besoin », avait déclaré mardi lors de son réquisitoire le procureur, Joseph Facciponti.
La défense, qui n’a présenté qu’un seul témoin, a en vain plaidé la bonne foi, affirmant que Rudy Kurniawan n’avait jamais cherché à tromper personne. En guise d’explication à l’équipement du parfait faussaire retrouvé chez Kurniawan, son avocat s’était contenté d’expliquer qu’il avait pu “reconditionner certains vins pour les protéger”.
Plus de 1.000 bouteilles de grands crus contrefaits, dont des bourgognes des domaines de la Romanée-Conti, Ponsot ou Roumier, et des bordeaux Château-Pétrus, ont été attribuées au faussaire. Mais si la plupart des témoins et experts venus à la barre ont affirmé que M. Kurniawan n’avait pu agir seul, il était le seul poursuivi. Aucun des intermédiaires, ou maison de vente aux enchères, n’a été inquiété.