Erwan Castex alias Rone est un artiste peu ordinaire. Alliant sons électro et mélodies oniriques, sa musique transcende les genres. Après son premier Olympia en octobre dernier, le DJ se produira à New York et à San Francisco les 3 et 10 avril.
Ce grand timide, toujours angoissé avant de monter sur scène, est très détendu au téléphone. Emprunt d’un émerveillement enfantin quand il parle de sa musique, le Parisien semble vivre un rêve éveillé. “J’étais un peu perdu après le bac. J’étais attiré par les métiers artistiques mais je ne savais pas quoi exactement“, explique-t-il.
Ca sera le cinéma. Du moins pour un temps. Car la musique est présente, dès son plus jeune âge. “J’ai un rapport autodidacte à la musique. Il y avait un piano à la maison, il était cassé d’ailleurs. Je pianotais dans mon coin. J’ai eu un saxo aussi un jour entre les mains”. Pas de cours de musique, pas de solfège. Les règles, Rone préfère les dicter, seul, devant son ordinateur : “C’est ludique un ordinateur, ça me correspond, c’est très instinctif”.
“J’ai acheté des platines et j’ai commencé en faisant des scratchs”. Voilà comment tout à débuté. Il se fait repérer en 2008 par Agoria, producteur, compositeur de musique électronique et fondateur du label musical Infiné. En 2009, il sort son 1er album, Spanish Breakfast salué par les critiques des magazines francophones et anglophones: tandis que les Inrocks le comparent à Gui Boratto, Electronic Beats classe son album dans les 25 meilleurs de l’année.
Avec Tohu Bohu (2011), il enfonce un peu plus le clou et sa notoriété dépasse alors le petit cercle des geeks d’électro. Il est, cette année là, sacré meilleur artiste français par Trax , le magazine de référence pour la musique française.
L’artiste multiplie les collaborations originales : du violoncelliste Gaspar Claus au rappeur High Priest, en passant par le groupe The National, il ose. “C’est très important de sortir de sa bulle, de travailler avec des gens différents. Plus leur univers est éloigné de l’electro, plus c’est intéressant et enrichissant. Ca nourrit mes propres productions quand je reviens seul en studio”.
Après le succès rencontré en Europe, c’est aux États-Unis que débarque le prodige de la musique électro. Impatient, il confie qu’il ressent une sorte de soulagement de retrouver des salles plus petites : “Aux US, j’ai l’impression de repartir de zéro. C’est très différent de jouer devant 20 000 personnes, qui réagissent dès ton premier son et 200, qui ne connaissent pas ta musique”.
Poète, Rone ne l’est pas seulement face à son ordinateur : “J’aime beaucoup cette phrase de Goethe qui dit que plus on s’écoute soi même, plus on a de chance d’être écouté par les autres“. Après avoir déménagé à Berlin, l’artiste travaille actuellement sur son 3e album, en France, dans une maison de campagne. “Pour le second album je sentais que j’avais besoin de changer d’air, j’ai donc été à Berlin. Mais au bout de trois ans là-bas, j’ai retrouvé une certaine routine, donc j’en suis parti. Le mouvement, c’est le plus important“.