«On a directement accroché avec Johnny, j’aimais son honnêteté, son «smile», on avait les mêmes goûts musicaux.» Depuis leur rencontre en 1994 jusqu’à la mort du Taulier, le 5 décembre 2017, le guitariste Robin Le Mesurier n’a plus quitté la légende française, vivant une vibrante amitié avec lui. Des souvenirs qu’il raconte dans son livre «Mes 1000 concerts avec Johnny», publié récemment aux éditions Talent.
«Il était connu aux Etats-Unis, la tournée américaine en 2014 affichait complet», argue Robin Le Mesurier, longtemps invisible dans les médias. Pour autant, il refuse le surnom du «Elvis Presley français» plébiscité par la presse US à la mort de Johnny Hallyday. «C’était tous les deux des icônes et des performeurs sur scènes, mais ils n’avaient pas le même style.»
Robin Le Mesurier et le rockeur se sont rencontrés à Los Angeles, où vit toujours le guitariste de 66 ans. Et plus exactement à l’hôtel Sunset Marquis. «Chris Kimsey m’a demandé d’écrire plusieurs chansons en anglais pour l’album «Rough Town», puis de jouer en studio», se remémore celui qui a longtemps été le “sideman” de Rod Stewart. Le contact passe, et il se retrouve dans le Hallyday Circus en 1994. Il ne quittera plus l’artiste qu’il surnommait «The Singer».
«Sa voix m’a directement transcendé, elle est incomparable», plaide Robin Le Mesurier, qui la trouve tout aussi puissante sur le dernier album du Taulier. Leur relation «simple» devient rapidement forte, à tel point qu’il est le seul musicien à traverser tous les changements d’équipe. «Je me souviens que lorsque j’étais sur un tour avec Rob Stewart à Orlando, Johnny m’a appelé pour que je lui promette que je ne l’abandonnerai pas», rapporte-t-il, ajoutant que le rockeur avait même refusé de le «prêter» à Michel Sardou.
Premier militant d’une tournée d’hommages avec un hologramme
Outre l’aspect artistique, persistaient des liens fraternels entre les deux hommes. «Il est devenu un frère pour moi, il était drôle, généreux. On ne s’est jamais engueulés. Notre relation a duré plus longtemps que beaucoup de mariages», s’amuse à dire le musicien londonien, lâchant : «il me manque beaucoup». Car ils se côtoyaient aussi en dehors des scènes et des studios, multipliant les repas avec leurs épouses respectives quand le Taulier emménage à Los Angeles. «Ici, personne ne le connaissait, il n’était pas harcelé.»
Au travers de ce livre rassemblant 20 années de partage, dont l’idée lui a été suggérée par son éditeur, le guitariste anglais multiplie les anecdotes : l’excitation du concert au Stade de France après la victoire des Bleus en 1998 ; mais aussi des souvenirs moins rock’n roll : le fait que sur la fin, Johnny ne fumait plus mais continuait à crapoter ; qu’il répétait «je veux mourir sur scène» ; les films qu’ils regardaient ensemble, le fait qu’il l’a introduit au «Stoemp» (une purée belge), mais aussi présenté aux acteurs Catherine Deneuve et Jean Reno. Il se souvient aussi très bien que l’ancien président Nicolas Sarkozy leur avait demandé de jouer pour le 14 Juillet à la Tour Eiffel. «Mais il ne s’était pas déplacé, Johnny était très en colère contre M.Sarkozy.»
Et Robin Le Mesurier aime clamer son amour pour «The Singer»: «Quand, avec ma femme, on demande à Alexa (objet connecté d’Amazon) de jouer un disque sans préciser d’artiste, le premier truc qui sort, c’est son dernier album. Ca me fait penser qu’il est toujours là.» Outre son livre, le Britannique veut que l’on se remémore le chanteur de manière patriotique et musicale. Ainsi, il milite pour qu’un jour férié soit dédié à la mémoire de Johnny Hallyday ; et pour organiser une tournée française en 2020 avec un hologramme du chanteur. «J’ai vu un concert similaire de Roy Orbinson (défunt) au Wiltern -une salle mythique de Los Angeles-, c’était incroyable. J’aimerais faire un show qui retrace toute sa carrière. On ne peut pas rendre hommage à Johnny sans entendre résonner sa voix.» Il voudrait reprendre quelques-uns de ses grands tubes, dont ses préférés «Que je t’aime», «Je te promets» et «Quelque chose de Tennessee».
Cette publication intervient deux ans après la mort de Johnny, où les questions d’héritage secouent toujours sa famille. «Mais je préfère ne pas en parler», lâche Robin Le Mesurier. Il reste toutefois très proche de Laeticia, cette dernière l’ayant notamment invité à Saint-Barth et ayant rédigé la préface du livre.