Ces temps-ci, Rima Abdul-Malak prend ses marques rue de Valois. Il y a quelques années, elle en faisait de même sur la Cinquième Avenue.
Nommée ministre de la Culture dans le nouveau gouvernement Borne, elle a travaillé aux Services culturels de l’ambassade de France aux États-Unis entre 2014 et 2018, avant de devenir Conseillère Culture et Médias à l’Élysée. Elle y a notamment porté le projet macronien de passe culture. Pendant ces années « américaines », elle fut responsable des échanges artistiques, l’une des activités-phares des Services culturels aux côtés de la promotion de l’enseignement du français et des échanges scientifiques et universitaires.
Pour son ancienne patronne, Bénédicte de Montlaur, cette nomination au ministère de la Culture « n’est pas une surprise ». « C’est une personne incroyable, bosseuse, curieuse, avec une connaissance très fine des artistes et qui ne se cantonne pas à un seul domaine », explique l’ex-conseillère culturelle, qui dirige désormais le World Monuments Fund (WMF).
Née en 1978 à Beyrouth, Rima Abdul-Malak a commencé sa carrière dans le monde associatif, travaillant tour à tour comme coordinatrice des programmes à CCFD-Terre Solidaire (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) en Israël et dans les Territoires palestiniens, puis directrice des programmes et des opérations à Clowns Sans Frontières, une ONG artistique qui organise des spectacles pour les enfants en situation de détresse sociale et humanitaire.
Elle est arrivée aux États-Unis après avoir gravi les échelons de la culture au sein de la Mairie de Paris, jusqu’à devenir la conseillère Culture de Bertrand Delanoë entre 2012 et 2014. À New York, elle a œuvré au développement des activités d’arts visuels et performatifs soutenus par les Services culturels, organisant la venue de metteurs en scène ou la mise en place d’événements dans des domaines aussi variés que le design et le spectacle vivant, par exemple.
Ses années ont été marquées par le lancement de nouveaux programmes d’échanges franco-américains, comme les rendez-vous pour la jeunesse Tilt et Kids Trail, Oui Design pour les professionnels du design, ou encore le Festival Albertine. « Rima a été un pilier des Services culturels, résume Bénédicte de Montlaur, qui se souvient d’une collègue soucieuse de promouvoir « l’innovation » et la « diversité » dans la programmation des Services culturels, un organe qui s’appuie sur un réseau de correspondants locaux à travers le pays. « Nos visions de l’engagement et de l’impact que les artistes peuvent avoir sur la société étaient très alignées », poursuit-elle.
Pressentie pour s’occuper du portefeuille de la Culture dans le gouvernement Castex de 2020, elle avait vu le ministère revenir à Roselyne Bachelot… à laquelle elle finit donc par succéder à la tête de l’administration de trente mille agents. Inconnue du grand public, elle devra gérer plusieurs dossiers chauds, comme l’avenir du financement de l’audiovisuel public et le soutien au secteur artistique et culturel, frappé de plein fouet par la crise sanitaire.