Revue de presse. La France collectionne les bonnes nouvelles cette semaine avec deux prix Nobel.
Le 13 octobre, l’Académie récompense le fondateur de l’Ecole d’économie de Toulouse, Jean Tirole, pour son “analyse de la puissance du marché et de la régulation“. C’est le troisième Français à obtenir le prix Nobel d’économie. Le New Yorker se demande pourquoi ce chercheur, qui a fait un doctorat d’économie au Massachusets Institute of Technology (MIT), a obtenu la prestigieuse récompense. Opposé à l’existence d’un prix nobel d’économie, le chroniqueur juge pourtant que Jean Tirole “le vaut bien“.”Lui et ses collègues ont contribué à changer la façon dont les gouvernements et les économistes perçoivent un vieux sujet qui devient de plus en plus important dans notre économie en réseau : la régulation des entreprises sous monopole.”
Evoquant la guerre entre Amazon et les maisons d’édition, le chroniqueur salue la méthodologie de l’économiste, fondée sur la théorie des jeux et de l’information. Même si lui et ses collègues n’ont pas “établi un ensemble de règles à suivre pour chaque gouvernement“, “ils ont créé un cadre intellectuel unifié que les régulateurs, parties lésées, et les entreprises elles-mêmes peuvent expérimenter.”
Un prix Nobel pour une économie “terrible“?
C’est un tout autre angle que choisit Bloomberg, en suggérant qu’avec ce deuxième prix Nobel en une semaine, après celui de littérature attribué à Patrick Modiano le 9 octobre, la France n’est pas “finie“. Le journal rapporte notamment le tweet “triomphant” de Manuel Valls à l’annonce de la nouvelle. Le premier ministre avait tweeté “Quel pied-de-nez au french bashing!“. Pour le journaliste, “ces victoires ont fait l’effet d’un boost de bien-être dans un pays plombé par une économie stagnante, l’aggravation du déficit budgétaire et un record de chômage qui en font la cible idéale du french bashing.” C’est toute l’ironie de la situation, insiste-t-il en citant le président de l’institut de recherche Eurasia Group, Ian Bremmer. “Tellement d’économistes brillants, une économie si terrible, n’est-ce pas ?“.
Le New York Times va plus loin en évoquant le paradoxe du prix Nobel d’économie. Le journaliste cite un professeur de sociologie économique à Sciences Po Paris, pour qui la remise du prix à un Français est “remarquable en ces temps de malaise économique et de fuite des cerveaux, alors que les plus brillants atouts du pays émigrent ailleurs en Europe ou aux Etats-Unis.”
En plus de Manuel Valls, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron s’est réjoui de l’annonce en tweetant “un immense bravo à Jean Tirole qui fait la fierté de notre pays et de l’économie française !” Le titre de l’article du New York Times – “Pour les Français, les prix Nobel montrent que le discours sur le déclin du pays est prématuré” – est révélateur du point de vue américain sur la situation en France.
L’éloge du New York Times à Macron
Plus tôt dans la semaine, le New York Times a d’ailleurs brossé un portrait élogieux du ministre de l’économie, Emmanuel Macron. Le journal flatte volontiers ce “technocrate pro-business” de 36 ans dont le costume n’est “jamais froissé“. “N’eût été son aura d’autorité, M. Macron aurait facilement pu être confondu avec un de ses propres employés“, précise le journaliste.
En mettant l’accent sur sa jeunesse, le journal démontre en quoi le ministre incarne la modernité du parti socialiste, allant jusqu’à le qualifier de “nouveau visage du socialisme“. “La France est malade, explique Emmanuel Macron, et nous n’avons d’autre choix que de réformer ce pays.” Pour le journaliste, une des nombreuses tâches du nouveau ministre est “d’aider à vendre la nouvelle approche du gouvernement de François Hollande – non seulement à la France des entrepreneurs mais aux Français qui s’inquiètent de leur avenir.“