Besoin de deux heures pour aller chez le coiffeur sans vos enfants ? Et si vous demandiez à vos amis ou voisins ? Entre le souci de voir ses enfants s’amuser, la culpabilité ressentie par de nombreux parents, et le coût élevé d’une baby-sitter, faire garder ses enfants relève souvent de l’exploit.
Ce dilemme, la Française Séverine Griziaux, maman de deux enfants, installée près de San Francisco depuis 2012, le connaît bien. Elle a décidé d’y remédier : en mai dernier, elle a lancé Raised in the neighborhood, un réseau social destiné à faciliter le troc d’heures de baby-sitting et de playdates au sein d’un groupe d’amis eux-mêmes parents.
“Les “baby-sitting co-ops” existent depuis longtemps aux Etats-Unis”, rappelle Séverine Griziaux, “mais nécessitent une solide organisation: un groupe de mamans doit se constituer, établir un calendrier commun, planifier à l’avance selon les disponibilités de chacune, sans compter les imprévus de dernière minute.”
Le système d’échange offert par Raised in the neighborhood se veut plus simple. On poste sa demande, (par exemple : Hélène a besoin de faire garder Hippolyte et Agathe lundi de 15h à 17h), qui est envoyée au groupe d’amis que l’on s’est créé sur le site. Si personne ne répond, elle est diffusée à l’ensemble des membres. On peut également proposer de garder les enfants d’autres membres.
Un système de points assure la réciprocité des échanges sur le long terme. Chaque heure de baby-sitting équivaut à 1 point. “A l’inscription, chaque nouveau membre reçoit 4 points. On en perd 1 lorsqu’on fait garder ses enfants pendant une heure, on en gagne 1 quand on garde les enfants des autres pour la même durée, ainsi que lorsqu’on parraine l’inscription de quelqu’un.”
L’objectif de Raised in the neighborhood va au-delà de la recherche de gardes d’enfants. “C’est un service pour les parents et les enfants, plutôt conçu pour les activités que l’on fait pendant la journée”, insiste Séverine Griziaux. “Cela n’amuse personne d’aller faire les courses avec ses enfants. Le site permet de rendre le quotidien plus facile : les parents peuvent tranquillement faire leurs courses, tandis que les enfants s’amusent avec leurs copains.”
Pour s’inscrire, il est nécessaire d’être parrainé par un membre. “Je tiens beaucoup à ce système, qui permet d’instaurer un certain niveau de confiance entre membres, car l’échange d’information au sujet des enfants se fait dans un cercle fermé. Si une personne n’a pas d’ami référent, elle peut utiliser le formulaire de contact, et après quelques vérifications, je décide de l’accepter ou non.”
Raised in the neighborhood compte déjà une centaine de membres dans tous les Etats-Unis. Les inscriptions se font souvent par petits groupes. “Une amie de Los Angeles attendait la sortie du site avec impatience, car elle fait partie d’un groupe d’une quinzaine de mamans au foyer qui veulent organiser des playdates et avoir un peu plus de temps pour elles.”
Séverine Griziaux compte sur le bouche à oreille pour étendre le réseau, en le faisant connaître sur des blogs et groupes de parents. L’inscription est pour le moment gratuite, et le restera le temps de constituer une solide base d’utilisateurs. “J’aimerais que le site soit profitable, mais je ne me suis pas fixé d’échéance. Mon objectif est d’atteindre un millier d’utilisateurs, avant d’y penser sérieusement.”