Quand il passe la porte d’un magasin de luxe, plus qu’ailleurs encore, le client est roi. Le vendeur maîtrise plusieurs langues, connaît les produits sur le bout des doigts et s’occupe de son hôte dans une ambiance feutrée et rassurante. C’est vrai. Sauf que le client des boutiques de luxe est aussi précieux que rare. Et les vendeurs, aussi bons soient-ils, finissent souvent par tourner en rond.
Et si pendant ces temps creux ces super-vendeurs pouvaient utiliser leurs compétences sur internet ? C’est l’idée qu’a eu Karine Mallet et qui est à l’origine de Replika Software, une solution de clienteling. “L’idée est de proposer aux vendeurs une solution mobile qui leur permette de vendre les produits disponibles sur le site internet de la marque“.
La plateforme, disponible sur ordinateur et en application mobile, permet à tous les vendeurs d’entrer leur données clients: anniversaire, tailles, goûts, achats en solde ou non. “Nous leur créons aussi leur propre page Facebook où il peuvent mettre en avant des produits et entrer leurs contacts. Ils ont aussi la possibilité d’envoyer des sms ou des mails avec des suggestions personnalisées“.
Concrètement, le vendeur envoie une sélection à un client régulier en fonction des données dont il dispose. Si celui-ci achète l’article après avoir reçu un mail ou un sms, le vendeur touche une commission. Si le client ne prend pas l’article, mais va sur le site de la marque pour acheter autre chose dans les sept jours après l’envoi de la sélection, il sera aussi crédité pour avoir initié l’achat.
Les vendeurs touchent entre 4 et 8 % pour chaque achat qu’ils auront généré. “Pour eux, l’avantage est double, estime la co-fondatrice de Replika Software, ils gagnent de l’argent et occupent comme ils veulent les creux dans la fréquentation du magasin“.
La Française, arrivée dans les années 90 aux Etats-Unis, est une référence dans le milieu de la mode. Pendant 15 ans, elle a occupé le poste de directrice de la mode et du prêt-à-porter, tour à tour chez Neiman Marcus et Bergdorf Goodman. En 2012, elle a commencé à travailler avec des “influenceurs” dans le domaine de la mode, des individus avec un gros réseau et parfaitement conscients du pouvoir d’internet dans la vente.
“Replika Software c’est le meilleur de ces deux mondes: des vendeurs qualifiés et la force du web“, souligne Kareen Mallet. Un projet pour lequel Rorey Gottlieb s’est passionné. L’entrepreneur, connu pour avoir installé des écrans télé dans les taxis new-yorkais s’est associé avec la Française pour développer le logiciel.
Replika Software, qui compte 6 salariés à New York et 14 développeurs en Inde, se rémunère à la commission sur chaque vente, en plus de la location de la licence d’utilisation tous les mois. La start-up a effectué une première levée de fonds en seed round avec une dizaine d’investisseurs dont Ed Goodman, petit-fils du fondateur de Bergdorf Goodman.
Lancé il y a quelques semaines, Replika Software compte déjà plusieurs market place parmi ses clients, comme MissFanatic ou MineMineKids. La start-up est également en contact avec plusieurs enseignes de luxe (vêtements et bijouterie) aux Etats-Unis, et avec Harrods à Londres.
“Nous avons beaucoup parlé avec les vendeurs avant de lancer Replika Software pour être sûrs de ne pas nous tromper, explique Kareen Mallet. On s’est aperçu qu’ils sont très enthousiastes, parce qu’ils aiment leur métier et qu’ils veulent vendre!“. Des professionnels frustrés aussi par le petit assortiment disponible en boutique. “Leur principal concurrent c’est finalement le site internet de la marque. Or, avec notre système, ils ont accès à tout, ce qui ouvre beaucoup de possibilités. C’est une petite armée de vendeurs qui débarque sur internet!“