« J’ai booké un vol Paris-New York pour le 26 novembre mais je ne sais toujours pas si je vais pouvoir venir ». Comme d’autres Français, Yannick Sabarots s’est dépêché d’acheter un billet d’avion et de réserver une chambre d’hôtel à Manhattan dès qu’il a entendu le gouvernement américain annoncer la levée, « début novembre », du travel ban. Il s’est assuré de pouvoir changer les dates de séjour sans frais, « au cas où », mais ses jours de congés sont posés au travail, « et je ne pourrai pas les changer », relève-t-il, en croisant les doigts.
Car depuis l’annonce, le 20 septembre, de la réouverture prochaine des frontières aériennes américaines, c’est silence radio du côté de l’administration Biden. Les spéculations sur la date précise ont alimenté la confusion ces dernières semaines. Au point que certaines agences de voyage ont d’ores et déjà annulé des séjours prévus début novembre aux Etats-Unis plutôt que de devoir le faire en catastrophe.
Des séjours déjà annulés
« France Marathon », qui organise des packages pour les marathoniens, a ainsi annulé un mois à l’avance ceux bouclés pour le marathon de New York, le 7 novembre. « C’était une grosse déception quand j’ai appris la nouvelle le 7 octobre, ça faisait huit semaines que je m’entraînais pour le marathon, déjà annulé l’an dernier, regrette Fanny Courtois qui avait reçu un dossard en cadeau d’anniversaire. J’ai ressenti de la colère aussi, et un sentiment d’injustice. Je ne comprends pas pourquoi les Français sont blacklistés alors que le taux de vaccination est plus élevé en France qu’aux Etats-Unis. ». 67% de Français sont en effet totalement vaccinés aujourd’hui contre 56% d’Américains.
En plus de la date de la réouverture des frontières, la question des vaccins n’est pas totalement levée, notamment par manque de précisions sur ce qu’entend exactement l’administration américaine par « totalement vacciné ». Or c’est l’une des conditions que les touristes français devront remplir pour pouvoir entrer aux Etats-Unis, avec la preuve d’un test covid négatif réalisé dans les trois jours avant le départ.
Les autorités sanitaires (CDC) ont levé certains doutes, ce lundi, en confirmant la liste des vaccins autorisés, au grand soulagement de ceux qui ont reçu les deux doses d’AstraZeneca, vaccin qui n’a jamais été approuvé aux Etats-Unis. Sauf contre-ordre de la Maison Blanche, seront donc considérés comme totalement vaccinés les touristes qui auront reçu un schéma vaccinal complet de l’un des vaccins autorisés par l’agence américaine du médicament (FDA) – Pfizer/BioNTech, Moderna et Janseen (Johnson & Johnson) – et par l’Organisation mondiale de la Santé – soit quatre vaccins de plus : AstraZeneca, Covishield, Sinopharm et Sinovac.
Encore des questions sur les vaccins
Reste l’incertitude pour les Français qui ont contracté la Covid et qui n’ont reçu qu’une seule dose de vaccin Pfizer/BioNTech ou Moderna. Au regard des autorités sanitaires américaines aujourd’hui, ces vaccinés ne le sont pas totalement. Incertitude également pour tous ceux qui ont reçu des doses de vaccins différents, cas relativement fréquents en France mais pas acceptés aux Etats-Unis. Pas encore du moins, car le débat sur l’interchangeabilité des vaccins a commencé avec la campagne de rappel de vaccination, comme le confirmait le Dr. Anthony Fauci, l’expert Covid de l’administration américaine, lors d’un briefing à la Maison Blanche le mois dernier.
Autant de questions que les voyageurs et professionnels du tourisme se posent encore en attendant de connaître, enfin, la date de la levée du travel ban. Ce « manque de transparence » du côté américain « continue d’entraver la reprise économique mondiale », estime Martin Ferguson, vice-président chez American Express Global Business Travel, dans le magazine Forbes. « Nous demandons instamment aux États-Unis de donner un préavis sur la date de réouverture de leurs frontières et sur le fonctionnement de leurs processus de vérification et de traçage », ajoutait-il, exprimant l’agacement du secteur du voyage.
Une réouverture des frontières dès le 1er novembre n’est pas exclue. Mais si c’était le cas, ce serait une déception supplémentaire pour tous ceux qui ont vu leur projet de voyage tomber à l’eau comme Fanny Courtois. « Ce serait le pompon, conclut-elle, car ce serait trop tard. Je ne peux plus courir le marathon de New York ».