Notre-Dame est aussi un peu la leur. Quatre-vingts Américains ayant contribué financièrement à la reconstruction de la cathédrale parisienne vont s’envoler pour la France ces prochains jours afin d’assister à la réouverture de l’édifice, le samedi 7 décembre. En tout, ce sont plus de 45.000 Américains qui ont participé au financement des travaux, via l’organisation caritative Friends of Notre-Dame of Paris. Pour un effort colossal : 63 millions de dollars ont été récoltés de ce côté-ci de l’Atlantique. C’est près de 10% du budget de reconstruction, les travaux ayant coûté 700 millions d’euros jusqu’ici…
Parmi ces généreux donateurs, de grandes fortunes (Starr Foundation de Maurice Greenberg, Marie-Josée and Henry Kravis Foundation, Ken Griffin et Ann Diaz, Ken Langone, etc.) mais aussi des anonymes et des particuliers touchés par la destruction de l’édifice historique. Les dons ont afflué de l’ensemble du territoire américain. Friends of Notre-Dame a pu compter sur le soutien d’un allié de poids : le Cardinal Dolan, l’Archevêque de New York.
« Lorsque la Cathédrale a été touchée par le feu, le Cardinal Dolan m’a contacté et m’a dit : il faut qu’on fasse quelque chose », se souvient Jean-Hugues Monier, membre du « Board of Directors » de Friends of Notre-Dame et partenaire émérite de McKinsey. C’était en 2019, et le cardinal Dolan venait tout juste de chaperonner la restauration de la Cathédrale Saint-Patrick. « Il a eu cette idée de solliciter les personnes qui avaient donné pour Saint-Patrick, et leur demander d’aider à la reconstruction de Notre-Dame », poursuit Jean-Hugues Monier.
Des urnes ont également été disposées à l’entrée de plusieurs édifices religieux de la ville. Rapidement, Friends of Notre-Dame a vu arriver assez de dons pour aider au financement des premiers travaux.
Le lien entre les deux villes et les deux communautés n’est pas que financier, il est aussi sentimental, entre deux territoires historiquement très liés. « Les États-Unis sont un pays assez jeune, les Américains ont été particulièrement touchés de voir qu’un édifice vieux de 1000 ans, plus vieux que leur pays, pouvait être détruit, explique Jean-Hugues Monier. Cela a provoqué une onde de choc. C’était une sorte de 11 septembre, toutes proportions gardées. »
La collecte aux États-Unis, qui avait démarré en 2017 dans l’optique d’une future restauration sous l’égide de Michel Picaud, le Président des American Friends of Notre-Dame, a explosé de façon exponentielle à partir de 2019 : « le lendemain de l’incendie nous avions 700 donateurs; à la fin de l’année près de 10.000; et aujourd’hui 45.000 », souligne Jean-Hugues Monier.
Les échanges entre les deux communautés se sont alors intensifiés. Les responsables de Notre-Dame ont pu s’appuyer sur l’expertise de la Cathédrale Saint-Patrick pour adapter à Paris un système de prévention du feu, via la présence d’humidificateurs, déjà en place dans l’édifice new-yorkais. Un effort souligné par Emmanuel Macron, qui a reconnu que « les Américains ont fait beaucoup pour Notre-Dame ».
Le voyage à Paris constituera un moment fort pour ces donateurs de toutes confessions, attachés à l’histoire d’un pays bien plus proche que les 6.000 kilomètres de distance ne le laissent supposer. Ils assisteront à la cérémonie liturgique de réouverture. Un dîner à la Tour d’Argent, le restaurant étoilé qui offre une vue imprenable sur Notre-Dame, est également prévu. Ils pourront voir de près comment un édifice détruit par le feu a été reconstruit en un temps record. Notamment grâce à eux.