L’école va finalement bien reprendre en temps et en heure à Houston. Malgré l’ordonnance du juge Lina Hidalgo et des autorités sanitaires de repousser la rentrée en physique au 8 septembre pour les écoles publiques et privées non religieuses, les directeurs de certains établissements ont décidé de contourner la règle en annonçant une première reprise en ligne à la fin du mois d’août.
L’école Awty International School planifie une réouverture à distance le 24 août qui s’étalera jusqu’au 4 septembre selon les niveaux de classe. A partir du 8 septembre, les parents auront le choix de remettre leurs enfants à l’école ou de continuer en ligne. Cette option devra être renouvelée le 02 octobre pour une période de temps similaire de six semaines d’enseignement. Les élèves retournant sur le campus seront astreints à un protocole bien défini : règles de distanciation, port du masque, prise de température avant l’arrivée sur le campus, déjeuner dans la classe, pas de sport collectif, pas de co-voiturage et peu de contacts entre chaque classe de dix enfants maximum. Le service de bus n’est pas recommandé mais peut-être organisé pour un nombre limité de passagers (12 enfants environ). Pour aider les parents, la direction a programmé plusieurs sessions d’informations sur le déroulement des cours.
Le Lycée International de Houston (LIH) va en revanche procéder à une rentrée scolaire classique sur son campus à l’ouest de la ville le 8 septembre. L’école met cependant en place toute une série de mesures, dont la distanciation même pendant les récréations. Les visiteurs devront également s’être enregistrés au préalable pour pouvoir pénétrer dans les locaux et les élèves revenant de l’étranger devront observer une quatorzaine avant de reprendre l’école. “Les enfants ont besoin de reprendre un quotidien, il faut réduire au maximum les activités extrascolaires et se discipliner“, estime Claire Reluipe, qui est contente que son cadet puisse effectuer sa première rentrée des classes cette année.
Du côté de l’Awty International School, l’enseignement hybride soulève des questions chez les parents. « Mon mari et moi travaillons, comment faire sans le service de bus et sans le co-voiturage ? De plus nos enfants n’ont pas les mêmes horaires entre le collège et le lycée », commente Lucile Lallement, mère de trois enfants et dont le domicile se trouve à plus de 15 kilomètres de l’école, dans le quartier très prisé des expatriés Lakes on Eldridge. « Si un enfant de la classe tombe malade, que se passera t-il pour les autres ? Les cours seront-ils alors suspendus ? Et que se passe t-il si un professeur a des symptômes ? », renchérit Géraldine Porage dont la fille de huit ans, Bérangère, est asthmatique. Pour Bernard Deloix, qui a décidé de garder ses deux enfants en classe de 5ème et de CE2 à la maison, l’enseignement à distance s’avère compliqué à mettre en place. “Comment vont se passer les contrôles continus ? Comment se passera la distribution du matériel pour les élèves ayant choisi l’option à distance ? Quelle sera la disponibilité des professeurs pour les enfants en ligne ? L’école fera t-elle une différentiation entre les élèves physiquement présents et ceux inscrits en ligne ?“. Pour lui, les frais de scolarité devraient être corrigés. « En gardant mes fils à la maison, j’assure leur quotidien, pas l’école. Le prix de l’éducation est trop élevé au regard de ce que peut fournir l’école dans un tel contexte », estime-t-il.
Michèle Retain, dont la fille rentre en terminale, se demande quant à elle comment les options (latin, arts plastiques, musique) vont être dispensées ainsi que les bacs blancs. Sa seconde fille devrait, quant à elle, passer le brevet des collèges cette année et l’espoir d’avoir une scolarité régulière est mince. Michèle Retain fait partie des parents qui se sont lancés dans la recherche de tuteurs pour soutenir leurs enfants. « Il y a plusieurs professeurs français à Houston, non employés par Awty, à qui l’on peut faire appel pour des cours de soutien », explique-t-elle. Pour Marie Rielard, la logistique quotidienne à l’arrivée et au départ du campus est trop lourde. Elle habite dans le quartier culturel de Montrose, non loin de downtown où le trafic urbain est dense. « Moi, j’ai préféré inscrire mon fils au CNED pour qu’il soit plus encadré. De plus, le niveau d’alerte rouge de la pandémie ici ne peut s’abaisser d’un coup de baguette magique. C’est trop risqué ».
Pour Hélène Verin, le problème est plus de savoir si l’établissement saura faire face pour assurer le bien être des élèves. Sur ce point, la direction de l’Awty International School assure que les classes de maternelles bénéficieront de personnel supplémentaire. « L’école est un lien important pour les petits comme pour les grands”, explique cette mère de cinq enfants de 6 à 15 ans. “Les sports, les activités culturelles ou encore les clubs structurent leur vie sociale. Depuis le début de la pandémie, nos enfants sont coupés de tout. Ils n’ont plus de repères ». Actuellement en vacances en France avec sa famille, Hélène Verin envisage dans un premier temps de ne pas rentrer au Texas. « Nous préférons scolariser nos enfants à l’école de notre village en France pour le premier trimestre. Et de voir comment les choses évoluent au Texas », explique-t-elle, s’estimant chanceuse de pouvoir faire ce choix grâce à sa résidence secondaire en Normandie.