RENT fait son apparition en anglais en 1150, désignant une somme versée pour l’usage d’une propriété (un loyer). Peu – pour ne pas dire aucun – “landlord” se doute en réalité que le mot RENT vient du français RENTE. Celui-ci existe alors depuis une trentaine d’années (le mot est répertorié en France en 1120, du latin populaire “rendita”, du latin classique “reddere” qui signifie rendre).
Le mot français à cette époque avait en effet le sens de redevance versée en contrepartie de l’usage d’un bien. Progressivement, le mot prendra en France le sens de revenu régulier (et pas nécessairement un revenu immobilier). A la fin du XIVième siècle, apparaîtra en France l’expression ‘vivre de ses rentes’.
Les Anglais ont donc conservé au fil des siècles, et ce jusqu’à nos jours, le sens qu’avait le mot initialement en français lorsqu’il a intégré la langue anglaise au XIIème siècle. Ce phénomène linguistique s’applique aussi à d’autres mots et est à l’origine des nombreux faux-amis existant entre l’anglais et le français (comme DECEPTION, NOISE, SENSIBLE, TROUBLE ou TRUCULENT). RENT en tant que verbe intègrera l’anglais vers 1540.
On notera par ailleurs que le mot anglais TENANT (signifiant “locataire”), qui intègre l’anglais en 1320, vient de l’ancien français TENANT (qui existe en tant que nom depuis 1200 environ, du participe présent du verbe “tenir”).
TENANT n’existe plus aujourd’hui en français en tant que tel mais on le retouve par exemple dans LIEU TENANT, qui désignait à l’origine une personne qui prenait la place d’une autre (celui qui tient le lieu). Les deux mots formeront ensuite LIEUTENANT en tant que rang militaire, correspondant à celui qui commande en l’absence d’un officier supérieur.
LIEUTENANT intègrera le vocabulaire anglais en 1380. Le fait que la quasi-intégralité des rangs militaires en langue anglaise vienne du français (admiral, captain, colonel, commandant, corporal, general, lieutenant, sergeant…) est du reste révélateur de l’influence considérable qu’a pu exercer la langue française sur la langue anglaise au Moyen-Âge.