Les panneaux “Recall Newsom” fleurissent sur les pelouses des villes californiennes, quand le sujet s’invite dans les conversations au café du coin. Le référendum appelant les électeurs californiens à se prononcer sur la révocation du gouverneur démocrate Gavin Newsom a été fixé au mardi 14 septembre. Les électeurs de l’État, qui ont déjà reçu le bulletin, ont jusqu’à cette date pour renvoyer ou déposer leur scrutin. Décryptage de ce référendum.
Une vieille tradition
Comme l’explique le New York Times, “la démocratie directe fait partie intégrante de la culture politique du Golden State”. Les “recall” ont été intégrés dans la Constitution et le Code électoral de la Californie en 1911. Cette révocation est d’ailleurs “plus simple” en Californie que dans les 19 autres États où elle est en place.
Le secrétaire d’État de Californie est chargé de superviser les “rappels” des agents de l’État, y compris des postes constitutionnels (gouverneur, lieutenant-gouverneur, procureur général, etc.), des législateurs des États et des juges des cours suprêmes et d’appel.
Au total, il y a eu 54 tentatives de rappel des gouverneurs de Californie, explique le Secrétariat d’État du Golden State. Outre celle de M. Newsom, une seule autre tentative a abouti à un referendum: celle de Gray Davis, critiqué pour l’augmentation des frais d’immatriculation des voitures et les pannes de courant continues. C’est grâce à ce référendum que l’acteur Arnold Schwarzenegger a été élu en 2003 à la tête de l’État pour le compte du parti républicain. Autre rappel ayant abouti dans un État américain : celui du gouverneur du Dakota du Nord en 1921.
Les raisons invoquées pour révoquer Newsom
Aucune raison n’est vraiment nécessaire pour organiser un “recall”.
Comme le détaille le Los Angeles Times, la pétition pour l’éviction de Newsom invoque tout de même plusieurs griefs, dont les impôts élevés, la crise des sans-abri, ainsi que la position du gouverneur sur l’immigration et la peine de mort. Ils ont évolué au cours de la pandémie, incluant la fermeture des petites entreprises et des écoles, mais aussi le scandale autour de sa venue à French Laundry sans masque (alors qu’il était obligatoire à l’intérieur).
Une minorité de 12 % pour mobiliser un référendum
Pour organiser un «scrutin de rappel», il faut réunir les signatures d’au moins 12 % des votants de la précédente élection, soit 1 495 709 signatures dans le cas présent. Les organisateurs disposent généralement de 160 jours pour recueillir ce quorum, mais les tribunaux ont accordé quatre mois supplémentaires aux partisans du rappel de Newsom en raison de la pandémie de Covid-19, ce qui leur a permis d’atteindre et dépasser le seuil, en recueillant plus de 1,7 million de signatures.
Des élections coûteuses
Si les 12 % sont atteints et validés, le coût du référendum (impression des bulletins de vote, mise en place des bureaux et traitement des bulletins) est étudié par l’assemblée de l’État ( avant que le secrétaire d’État fixe la date du scrutin). Selon l’institution, le rappel coûterait 276 millions de dollars à la Californie (une somme qui était déjà dans les caisses de l’État, la procédure a donc été accélérée). En revanche, des responsables locaux californiens estiment, eux, que le coût de cette élection pourrait atteindre 400 millions de dollars.
Quant aux trois groupes conservateurs à l’origine du référendum, ils ont dépensé près de 5 millions de dollars au premier trimestre 2021 pour mobiliser les signataires de la pétition, explique le Los Angeles Times.
Deux questions posées
Deux questions sont soumises simultanément aux électeurs : “êtes-vous favorable au rappel du gouverneur ? Si “oui” : qui préférez-vous pour le remplacer ?” Si la majorité des votants dit “non” à la première question, la seconde est rendue caduque. Mais si plus de 50 % votent “oui” au “recall”, le candidat avec le plus de voix devient le nouveau gouverneur jusqu’à la fin du mandat le 2 janvier 2023.
Une multitude d’adversaires
Pour participer au “recall”, les candidats (inscrits en Californie) doivent payer des frais de dossier d’environ 4.000 $ ou soumettre les signatures de 7.000 partisans. Ils ont jusqu’à 59 jours avant le jour du scrutin pour se déclarer.
Quarante-six candidats ont rempli les conditions et ont leur nom sur le bulletin, dont les Républicains John Cox, un homme d’affaires de San Diego qui s’est récemment distingué en visitant l’État avec un ours ; Caitlyn Jenner, ancienne athlète olympique devenue star de téléréalité et l’animateur de radio Larry Elder. “Le principal challenger parmi les démocrates est Kevin Paffrath, un influenceur YouTube et conseiller financier”, rappelle le New York Times. Seuls quelques-uns ont lancé des campagnes professionnelles et collecté des fonds, fait toutefois remarquer le Los Angeles Times.