La jeune danseuse niçoise a débarqué à Los Angeles des rêves plein la tête. Et depuis, la diplômée en Langues Étrangères Appliquées a changé radicalement de vie dans la Cité des Anges.
« J’ai commencé à danser dans ma chambre, à Nice. Je publiais des vidéos sur les réseaux sociaux. Un jour, deux chorégraphes m’ont repérée et j’ai assisté à un de leurs stages à Paris. Dana, une des deux chorégraphes m’a conseillé de déménager à Los Angeles », explique la jeune Française. Dans le sud de la France, « il n’y a pas d’opportunités, aucune audition ni aucune structure établie pour les danseurs. A Paris, les danseurs traditionnels (classique, moderne jazz, etc.) sont très recherchés parce qu’il y a des grosses académies comme l’Opéra. Mais il est très dur de vivre grâce aux danses urbaines. » Direction donc l’Amérique et sa côte ouest.
Rebecca Sida-Boushib va trouver son nom de scène, Rebecca Rolfe, le nom anglais de l’héroïne native américaine Pocahontas. « J’ai choisi ce nom pour symboliser mon immigration », dit la danseuse. Elle débute son aventure américaine par quelques apparitions dans des clips musicaux. Mais son rêve est ailleurs : elle veut s’imposer comme chorégraphe. Elle décide donc de poster ses danses sur les réseaux sociaux et de participer à de nombreux castings afin de construire son réseau. Elle parvient à taper dans l’œil du producteur Track Dilla. Ce dernier va lui donner la responsabilité de la chorégraphie d’un clip d’une des artistes de son label. Le retour de la chanteuse Kirsten Collins a été très positif, « elle a absolument voulu apprendre ma chorégraphie et l’imposer dans le clip. Cela a été mon premier projet en tant que chorégraphe. »
Depuis, la franco-marocaine enchaîne les projets, elle danse dans des clips, des shows télé, des films ou dans de publicités. Dernièrement, elle a participé à la campagne publicitaire de la marque de haute couture The Royals Paris en tant que movement coach. Elle est aussi apparu dans un clip de Travis Scott ou dans celui de Roddy Rich, “The Box”, qui comptabilise près de 150 millions de vues. Le rêve de la jeune femme est de travailler dans la mode. Elle aimerait « convaincre un designer de [lui] laisser carte blanche pour chorégraphier un défilé de mode. »
Des moments de bonheur et de solitude
Si son projet de danseuse grandit de jour en jour, la crise du coronavirus a mis un frein à toute l’industrie artistique (cinéma, danse, musique…). La situation des intermittents évolue en fonction de leur notoriété. Rebecca Rolfe devient ambassadrice pour certaines marques de sport, qui la rémunèrent pour mettre leurs articles en avant sur les réseaux sociaux. Elle est notamment l’ambassadrice de EleVen by Venus, la marque de la tenniswoman Venus Williams. « Elle m’envoie des vêtements, je fais des photos et je les publie. Je lui fais de la publicité et elle me paye pour ça. J’ai la chance de pouvoir compter sur ça pour faire rentrer de l’argent en ce moment, mais ce confinement a été une claque pour moi. »
Son prochain tournage est prévu pour fin octobre. En attendant, comme bien d’autres, elle est rappelée à son fragile statut d’immigrante, souligné par la crise de COVID-19. La délivrance de son visa est suspendue du fait des mesures de l’administration Trump. Mais si la situation lui interdit d’aller en France, sauf à courir le risque de ne pas pouvoir revenir aux Etats-Unis, elle se résigne: « cela fait partie des règles à respecter si l’on veut tenter sa chance aux États-Unis. »