Il y aurait de l’eau dans le gaz entre Bernard Kouchner et Rama Yade. Sur fond de comémorations du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, le ministre a confié au Parisien avoir «eu tort» de demander la création d’un secrétariat d’Etat aux Droits de l’homme et a parlé d’une « contradiction permanente entre les Droits de l’homme et la politique étrangère d’un Etat, même en France. » Jean-Maurice Ripert répond aux questions de French Morning.
Y a-t-il contraction entre les Droits de l’homme et la politique étrangère ?
C’est une contradiction au sens dynamique que Bernard Kouchner décrivait. Ce n’est pas le fait de dire qu’on ne peut pas défendre les droits de l’homme. Il a passé sa vie à s’occuper des Droits de l’homme ! Quand Bernard Kouchner a été nommé, on avait réfléchit et on avait dit qu’il était important qu’il y ait un Secrétaire d’Etat aux droits de l’homme pour attester l’importance des droits de l’homme. En même temps, Rame Yade a été nommée Secrétaire d’Etat aux affaires Etrangères et aux droits de l’homme pour bien montrer qu’il n’y avait pas de contradiction. Dans la réalité Rama Yade a été surtout prise par les droits de l’homme parce que c’est un sujet en soi. On a donné l’impression qu’il y a d’un côté la politique étrangère, de l’autre les droits de l’homme. On n’a peut-être pas bien pensé cela. Ce n’est pas le problème de Rama Yade ; elle fait très bien son boulot et avec succès. Il faut que les droits de l’homme rentrent dans la politique étrangère et que ça « infuse ». C’est ce qu’on fait au conseil de sécurité: on améliore les questions des droits de l’homme au sein de la politique étrangère dite « classique. »
En suscitant la controverse au sein du gouvernement, la venue du commandeur lybien Kadhafi en décembre 2007 n’avait-elle pas mis au jour la contradiction entre défense des Droits de l’homme et intérêts économiques?
En Lybie, la réconciliation politique est fondée sur la possibilité de rouvrir le dialogue sur la question des infirmières. Toute la démarche française est fondée sur les droits de l’homme. Je ne pense pas de contradiction, je pense il y a des moments différents dans l’espace et dans le temps. On s’arrête trop souvent sur l’analyse à un moment donné.
La Chine dit « Vous voulez des centrales, il ne faut pas voir le Dalaï-lama». Cela paraît contradictoire, on arrivera à démontrer que ce n’est pas vrai. C’est dans le dialogue qu’on avance. On est passé d’une conception des droits de l’homme de la dénonciation à la discussion.
De quand datez-vous ce changement ?
Il y a eu une embellie après la conférence mondiale sur les droits de l’homme en 1993 et la création d’un Haut-Commissariat aux droits de l’homme, le poste qu’occupait Sérgio Vieira de Mello. Avec la création d’un nouveau Conseil des Droits de l’homme il y a deux ans, on a dépassé la dénonciation pour établir des programmes de travail en commun. C’est plus long, moins spectaculaire mais peut être plus efficace.
Comment se porte le Conseil des Droits de l’homme?
On passe en revue tous les états du monde, y compris la France. Nous aussi, on a des choses à se reprocher. On nous reproche beaucoup, à mon avis à juste titre, les problèmes que nous avons sur les travailleurs immigrants, les centres de détention. L’essentiel est de dialoguer pour améliorer ça. On a accepté de se mettre sur le gril pour ne pas avoir l’air de dénoncer de manière sélective. C’est un processus, plus lent, plus ingrat. On ne renonce pas pour autant à dénoncer ; on a condamne l’Iran, la Birmanie et on a fait voté un moratoire sur la peine de mort.
Qu’en est-il des Etats-Unis?
Il y a des difficultés aux Etats-Unis comme en Europe. En matière de lutte contre le terrorisme, on a toujours dit qu’elle devait être respectueuse des droits de l’homme. On espère que la nouvelle administration sera plus en position de corriger ça que l’ancienne.
Est-ce que l’administration de George W. Bush pourrait se retrouver sur la sellette (pour les pratiques de détention pendant la Guerre de la terreur) ?
Je n’en sais rien. Le sujet, c’est d’avancer. Il faut regarder de l’avant.
Vous êtes positif?
Il faut être positif quand on s’occupe des droits de l’homme. Je suis ce que Bernard Kouchner appelle « un pessimiste actif » : ne pas se faire d’illusions mais se battre.
Rama Yade n’a-t-elle pas à craindre pour son poste?
Elle est ma ministre de tutelle. La décision appartient au Président de la République. En tous cas, on travaille très bien ensemble. Elle vient la semaine prochaine à New York pour l’initiative LGBT [lesbian, gay, bisexual, and transgender/transsexual, une initiative à l’ONU pour la dépénalisation de l’homosexualité].
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Vindieu, que de commérages, que d’esbrouffe autour de nos “premières dames” ! Il ne manque plus que la fine analyse politique dont nous a fait cadeau sur twitter Pierre Salviac, maintenant ex-journaliste à RTL : “A toutes mes consoeurs, baisez utile, vous avez une chance de vous retrouver première Dame de France”