Conquérir Hollywood… Elles sont nombreuses à en rêver et à débarquer de France à LA, pleines d’ambition, de charme et de talent. Mais aussi avec un accent. Et c’est là que ça se complique. Quatre comédiennes françaises installées à Los Angeles se sont confiées à French Morning.
Soraya Garré, actrice arrivée à Los Angeles en 2006, dresse le tableau : « Déjà faire le métier de comédien il faut être acharné, mais alors quand on est Français à Hollywood c’est être dix fois plus acharné, même un peu fou sur les bords! »
Mais qui est le coupable? L’accent ? La comédienne originaire de Provence acquiesce. “C’est quelque chose qui revient sans arrêt », nous dit-elle. « Ca peut être un atout, mais la réalité des castings, c’est que les trois quart des rôles sont écrits pour des Américains.” Soraya reste cependant positive : elle travaille avec un « language coach », et enchaîne les projets. En 2008, elle tourne même un court métrage sur le sujet intitulé « I’m not an accent ! », disponible sur Youtube.
« Une ville comme Los Angeles est un melting pot de cultures et d’accents du monde entier, mais pourtant, ça n’est représenté ni à la télévision, ni au cinéma. […] Quand on rencontre un agent, la première question qu’on vous pose c’est si vous savez faire l’accent américain», confirme Alexandra Nowak, comédienne à Los Angeles depuis 2005. Une nuance cependant: « C’est un avantage parce qu’on se différencie un peu de la concurrence par notre accent : on interprète les textes un peu différemment, ce qui interpelle parfois les réalisateurs ou directeurs de casting, » note l’actrice originaire de Paris. « Il m’est arrivé d’avoir des offres où l’on réécrivait le rôle pour moi parce que j’étais française. Dans ce cas-là, ça a marché en ma faveur. » En 2005, Alexandra interprète une hôtesse de l’air française dans le film « Flight Plan » avec Jodie Foster.
Florence Tung, originaire du Var et comédienne à LA depuis 2006, remarque à ce sujet:« Les actrices françaises sont peut-être plus naturelles, avec un certain « je ne sais quoi » dont on parle souvent ici. C’est un touché différent, une classe différente ». Elle regrette tout de même le stéréotype auquel les Françaises sont parfois rattachées: « On peut se retrouver cataloguée dans une image de femme fatale, et cela peut être assez difficile de sortir de ce stéréotype de française sexy qui fume et qui boit du vin. »
Mais alors, pourquoi s’expatrier à Los Angeles? « À Los Angeles, le cinéma est une industrie. À Paris, c’est un art, » répond Florence. « C’est un peu dommage que ce soit comme ça, car cela perd de son âme, mais d’un autre côté il y a beaucoup plus d’opportunités ici, ». La «méritocratie» Hollywoodienne contre les “bandes de copains” du milieu parisien…
Cette méritocratie hollywoodienne, Béatrice Rosen, actrice arrivée en 2004, la connaît bien : « Je travaillais déjà en France avant les Etats-Unis, mais dès que je suis arrivée ici, ma carrière a tout de suite pris un autre niveau, » admet-elle.
Sa participation à 2012, le film catastrophe de Roland Emmerich l’a installée dans le paysage hollywoodien. Mais même avant cela, dit-elle, «alors que j’ai eu un vrai temps d’adaptation au niveau social, dans le travail, ça s’est tout de suite très bien passé. J’ai eu des rendez-vous avec des réalisateurs comme Brian DePalma ou Wes Craven. Les gens étaient tous assez ouverts, y compris Mark Burnett, le créateur de ma première série, qui a vraiment pris un risque en prenant une Française pour jouer le rôle d’une jeune américaine originaire de Beverly Hills. »
Ayant beaucoup voyagé depuis toute petite, Béatrice a développé très tôt un don pour les langues étrangères : à Hollywood, elle enchaîne les rôles d’américaine, de française, de roumaine, de russe, d’israélienne, et tout récemment un rôle de princesse de Géorgie. « Quand j’auditionne pour un rôle, je ne mentionne même pas mon origine, parce que sinon les gens ont un a priori. Même si tu n’as pas d’accent, ils vont essayer de le chercher. » Un jour, l’agent de Béatrice a reçu un coup de fil d’un réalisateur: il souhaitait faire jouer un rôle de française à Béatrice dans un film mais s’inquiétait: “il voulait savoir si j’allais pouvoir avoir l’accent français pour tout un film ! »