Lancé il y a treize ans sous la présidence Bush, le Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaine (NMAAHC) bat son plein. Inauguré en grande pompe le 24 septembre par Barack Obama, le premier président noir des Etats-Unis, le NMAAHC est une réussite à bien des égards. Des tickets (avec une heure précise de visite) sont disponibles en ligne à 6:30am et quelques tickets le sont à 1pm en semaine. Accrochez-vous donc pour en obtenir. Voici quelques bonnes raisons pour persister.
Pour le symbole qu’il représente
Dans un pays où les premiers présidents possédaient pour la plupart des esclaves, la construction d’un musée consacré aux Afro-Américains sur le National Mall, à deux pas du Washington Monument, érigé en l’honneur du père de la nation, est un immense symbole. Le choix de ce site, au beau milieu de la capitale et non loin des autres grands musées du Smithsonian, donne en quelque sorte aux Noirs américains la place qu’ils méritent dans l’histoire nationale.
Pour ne pas oublier la cruauté de l’esclavage
Avant de monter dans les étages célébrant la culture afro-américaine, le visiteur est invité à se plonger dans la sombre histoire de l’esclavage et de la ségrégation aux Etats-Unis en descendant dans les non moins sombres sous-sols du NMAAHC. Au-delà des chiffres – 12,5 millions d’Africains déportés, dont 1,4 million du fait de la France –, le musée permet de mettre un visage sur l’horreur subie par les esclaves et leurs descendants, grâce à de nombreuses photos et artefacts.
Pour mesurer l’ampleur de l’apport culturel des Noirs
Difficile d’imaginer la musique moderne sans l’immense apport des Afro-Américains. Du blues au hip hop, en passant par le jazz, la soul, le rock et le reggae, la plupart des grands courants musicaux de ces cent dernières années puisent leurs racines ici. Le musée embrasse bien sûr cette histoire culturelle, avec l’exposition d’une multitude de portraits et de nombreuses pièces comme la Cadillac rouge pétante de Chuck Berry, la veste de hippie de Jimi Hendrix ou le Borsalino de Michael Jackson. On apprend aussi à connaître des aspects moins connus de la culture afro-américaine, comme par exemple le step, une danse d’origine africaine rythmée par les claquements de main et de pied très populaire dans les fraternités noires.
Pour sa superbe architecture
Dernier né des musées du Smithsonian installés sur le Mall, le NMAAHC se devait de marquer sa différence au niveau architectural. A l’instar du Musée des Indiens d’Amérique qui avait déjà rompu en 2004 avec le style néo-classique des autres musées, le bâtiment du NMAAHC fait dans l’original en adoptant une forme de pyramide inversée sur trois niveaux – inspirée d’une coiffe d’Afrique de l’Ouest dixit les architectes. Au milieu d’édifices en pierre blanche, la façade de métal ciselée du NMAAHC dénote : de couleur cuir à l’ombre, elle passe au bronze quand le soleil se lève et à l’or quand la lumière se reflète. Une réussite.
Pour se mesurer aux plus grands
Dans la galerie consacrée aux athlètes afro-américains ayant marqué l’histoire, ne manquez pas la statue grandeur nature de Tommie Smith et John Carlos qui, sur le podium du 200m aux JO de Mexico en 1968, avaient levé un poing ganté de noir pour protester contre les discriminations raciales. Et si la queue est trop longue pour faire un selfie le poing en l’air avec eux, vous pouvez toujours vous rabattre sur Michael Jordan, les sœurs Williams ou Jesse Owens, moins militants mais plus célèbres.
Et pour la cafétéria !
L’hommage du NMAAHC à la culture noire se prolonge jusqu’au Sweet Home Café, la cafétéria du musée qui se démarque des sempiternels burgers-frites en proposant de nombreux plats typiques. Pain de maïs poêlé, poulet grillé, collard greens, patates douces, poisson-chat et autres gombo, soit autant de plats reflétant le métissage culturel vécu par les esclaves et leurs descendants.
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