Qui sont nos penseurs français de premier plan ? Qu’ont-ils à dire sur le monde contemporain à leurs homologues américains ? Ces questions semblaient trouver peu d’écho outre-Atlantique jusqu’à l’arrivée du Festival Walls and Bridges. Soutenu par le Conseil de la Création Artistique (dirigé par Marin Karmitz), l’évènement promeut la pensée hexagonale à travers une démarche en forme d’échanges où se rencontrent intellectuels et artistes français et américains. Un décloisonnement nécessaire et fécond, qui mixe débats, cirque, danse, théâtre, projections et cet automne… pique-nique gastronomique.
On est loin en effet de la conférence ronflante ou de l’exposé académique : «Il ne s’agit pas simplement d’amener les intellectuels français ici, mais de créer des réseaux» commente Guy Walter, tête chercheuse et défricheur d’idées, président du festival et directeur de la très énergique Villa Gillet de Lyon. Au préalable, une exploration attentive et méthodique des sujets qui alimentent aujourd’hui la sphère intellectuelle new-yorkaise et un objectif simple bien qu’ambitieux: « faire en sorte que les gens se parlent ».
Mission accomplie pour Walls and Bridges. Estampillé « Best of the Fests » par Time Out NY, les deux premières éditions ont drainé un public enthousiaste et curieux, dans une multitude de lieux partenaires dont la NY Public Library, l’Invisible Dog Art Center de Brooklyn ou le Joe’s Pub.
Cette troisième saison mettra à contribution une trentaine d’intervenants et pas des moindres. Parmi eux: Hélène Cixous, Judith Butler, Catherine Millet, Dany Glover, Etienne Klein, Dany Laferrière… On y parlera Beauté, Neurosciences, Espace-Temps et plus particulièrement Infinites Affinities. Cette thématique fera l’objet de sessions spéciales parrainées par les philosophe Avital Ronell (la femme la plus dangereuse des Etats-Unis selon le Research Magazine) et Francois Noudelman (France). Quelles sont ces affinités, électives aurait dit Goethe, qui font se rencontrer (ou pas) individus, espèces, cultures, genres ou idées ?
Débats et rencontres donc, mais aussi deux jours de spectacles vivants aussi variés que réjouissants. Fruit d’une étroite collaboration avec Les Subsistances, laboratoire de recherche créative basé à Lyon et l’Institut de France, ces deux jours ouvriront une fenêtre sur ce qui ce fait de plus innovant en matière de création française. A cette occasion, cinq compagnies (danse, théâtre, cirque) se relaieront pour faire leur première à New York.
Si « les hommes construisent des murs et pas assez de ponts » (dixit Issac Newton), Walls and Bridges apparaît comme une tentative audacieuse de déconstruction… constructive. De quoi redorer le blason intellectuel français auprès du public américain. Au terme de cette ultime saison 2011, le festival new-yorkais s’annualisera en 2012 et deviendra pour sa version française à la Villa Gillet, les Premières Assises des Sciences Sociales. A suivre.
Walls and Bridges, du 19 au 28 octobre 2011. Accès gratuit ( à l’exclusion de “A Tale of two chefs”, et des événement acceuillis par le NYPL) réservation conseillée.
Programme complet sur www.wallsandbridges.net
La sélection de French Morning :
– Beauty Contest : cette discussion/performance ouvrira les festivités en interrogeant la notion de Beauté et ses constructions sociales. Avec la participation de : François Chaignaud | France / historien, choréographe et danceur Jon-Jon Goulian | USA / écrivain Silke Grabinger | Autriche / danceur et chorégraphe Salette Gressett | USA / Producteur de Spectacles vivants.
Mercredi, 19 octobre, 6.30 pm, The Austria Cultural Center. Entrée gratuite
– A Tale of Two Chefs : le jeune Chef français Mathieu Rostaing Tayard ( listé parmi le Top 10 des jeunes chefs européens par le Wall Street Journal) à ouvert, à Lyon, le 126. Ce restaurant-concept propose chaque jour un nouveau menu gastronomique accessible financièrement parlant au commun des mortels. Il concevra en direct et aux cotés du chef américain Brian Leth une “lunch box special” pour un pique-nique gastromique et transatlantique. L’occasion aussi de discuter cuisine avec deux des meilleurs Chefs de leur génération.
Avec la participation de : Brian Leth (Etats-Unis) et Mathieu Rostaing Tayard (France).
20$, sur ré[email protected]
Samedi 22 octobre de 12pm à 3pm, The Invisible Dog Art Center.
– Playing with Cinema, projection-performance : des artistes américains utiliseront des séquences de films français ( Melville, Godard, Tati ou Demi) comme base de leurs performances afin d’explorer les tensions entre image et corps et les affinités entre imagination du réalisateur et du performeur.
Samedi 22 octobre à 6.30 pm, The Invisible Dog Art Center. Entrée gratuite
– Stranger Strangers : 4 performeurs français font leur première à NYC. Avec notamment: Bring Home the Bacon ! par La Scabreuse : mêlant jonglerie et dance, cette performance explorera l’attraction-repulsion qu’exerce le cochon sur l’Homme. Coincidence par Adrien M. et Claire B. : du cirque digital en 3D pour une performance entre rêve et réalité.
Samedi 22 octobre, 9pm, The Invisible Dog Center. Entrée gratuite
– Please Kill Me, a Punk Musical Show, par Mathieu Bauer: adaptation de l’ouvrage éponyme de Legs McNeil sur le mouvement punk, Please Kill Me retrace l’histoire des icones terribles du punk (Dee Dee Ramones, Patty Smith, Iggy Pop…) à travers leurs plus folles anecdotes et leurs chansons emblématiques.
Dimanche 23 octobre, 6.30pm, The Invisible Dog Art Center. Gratuit, réservation fortement conseillée.
– Disruptive Kinship, discussion, avec la participation (exceptionnelle) de Judith Butler, Hélène Cixous et Avital Ronell : trois des plus grandes figures de la philosophie contemporaine et du féminisme discuteront la notion d’Affinité.
Lundi 24 octobre, 6pm, The New School, Theresa Lang Center. Gratuit, réservation fortement conseillée.