«Un peu comme le sable dans un sablier, notre couple s’étiole au fil du temps. Notre amour, l’un pour l’autre n’est pas en question et, sans vraiment arriver à mettre le doigt dessus, nous nous demandons plutôt si ce n’est pas la ville qui, inexorablement, nous sépare». Othilie et Hugo n’ont pas encore la trentaine et n’ont déjà plus grand chose à se dire. Je ne sais pas encore bien ce qu’il s’est passé, mais une chose est évidente, deux ans de vie à New York les ont fait vieillir de trente.
«Nous nous sommes rencontrés à la fac à Paris et dés nos études terminées, nous sommes venus ici pour réaliser ce rêve d’enfance que l’on a en commun, goûter au rêve américain. L’idée était de revenir en France riche d’une expérience irremplaçable et inoubliable». Fort d’un contrat de trois ans pour s’occuper d’une franchise française de maroquinerie, la vie s’annonce belle, fun et insouciante. «L’énergie de la ville était euphorisante et nous en profitions bien tous les deux, ensemble ou séparément. Mais petit a petit, j’ai eu cette désagréable impression qu’Hugo devenait un autre personnage, une espèce de caricature de lui même» se lamente Othilie. «Et de mon côté, je la voyais encore comme une étudiante pas encore dégrossie, timorée face à tout ce que la ville pouvait nous offrir». Nos deux amoureux se croient perdus ayant pris chacun un chemin différent. De mon côté, je les vois toujours marcher main dans la main mais sous l’emprise du regard souvent déformant d’une ville aussi forte que New York.
Qu’est ce qui vous plait le plus depuis que vous êtes aux États-Unis ? Hugo saute sur l’occasion, je sens bien que c’est lui l’élément du couple avec lequel il faut d’abord travailler. «Le fait que personne ne me connaît, ici je suis comme un nouveau-né. Le personnage Hugo, indélébile en France, est en pleine reconstruction. Cela passe par plein de petits détails qui peuvent paraître complètement stupides mais qui me donne un incroyable sentiment de liberté ». Par exemple ? «Contrairement à Othilie, je ne suis pas si cultivé que cela. J’arrive à parler à peu près de tout moyennement, bref à Paris, je vaux un petit 11 sur 20. À New York, je saute directement à un 16 sur 20, c’est agréable, c’est comme un grand coup de vent qui passe sous mes ailes». Quoi d’autre ? «Ici on me trouve courageux d’être parti, on me considère comme un entrepreneur, on me trouve beau et séducteur, et l’on me fait confiance. Alors que là-bas on me traite d’inconscient, de doux rêveur, les femmes me trouvent pas mal, sans plus, et même ma famille ou mes amis soupçonnent mes réelles intentions». Et c’est cela que vous appelez une reconstruction ? Du coin de l’œil, je vois Othilie sourire.
Hugo est la victime typique du regard « tout beau tout neuf » des autres. Quand en plus ce regard arrive d’un pays étranger très différent culturellement de celui dont on vient, un mélange d’effet loupe et de miroir déformant se met en action. La frontière entre nos forces et nos faiblesses apparaît de plus en plus floue, on devient Monsieur formidable très facilement, il est tellement plus attrayant et original d’être un Français à New York qu’un Français en France. «Cela ne veut pas dire que tu n’es pas tout ce que tu as décrit plus haut Hugo, bien au contraire, mais tout d’un coup c’est comme si le regard de ceux qui ne te connaissent pas du tout est plus important que le nôtre, ceux qui t’aiment et te sont chers». Othilie est dans le vrai et je lui demande comment elle voit l’évolution de la situation. Après tout, c’est l’existence de leur vie de couple qui est en jeu. «Je peux très bien comprendre que nos besoins et attentes de New York soient différents. Je n’ai aucun problème qu’Hugo se laisse griser par ce que l’on pense de lui, quelque part c’est même une réaction très saine, mais il faut aussi qu’il pense bien à qui il est aujourd’hui, et si c’est bien différent de qui il était hier et de qui il sera demain. J’ai besoin de savoir pour continuer ma route, avec ou sans lui».
C’est avec Hugo seul que je dois continuer la mienne. Othilie peut l’attendre au port, elle est prête. L’apprentissage de sa vraie reconstruction fut long et parfois douloureux. N’utiliser que son regard pour se retrouver n’est jamais chose facile. « Ce que j’ai cru au commencement de notre travail être un retour en arrière et un déni total de ce que je pensais être devenu, est en fin de compte une remise en place de la personne que je suis réellement. Que je sois perçu comme tel à New York et comme un autre à Paris n’est en fin de compte que le produit de mon imagination. Je suis perçu comme je suis, ce n’est que le regard des autres qui changent. Et c’est justement ça la richesse que nous étions venus chercher avec Othilie : Mieux se connaître au travers des autres et non pas changer et devenir ce qu’ils voient en nous ».
Quelques mois plus tard, ce qui érodait leur couple en est devenu le ciment. Hugo partagea avec la femme qu’il n’avait jamais cessé d’aimer ses découvertes et ses nouvelles convictions, « se mélanger dans ce grand melting-pot qu’est New York, non pas pour se perdre, mais pour mieux se retrouver, se comprendre et s’accepter ». Othilie et Hugo sont repartis en France un peu plus tôt que prévu tout simplement car c’était le bon moment. Celui de regarder leur vie, à deux et dans la même direction.
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0 Responses
Il faut arrêter avec cette expression “le rêve américain”, c’était valable il y a un siècles, cela fait déjà une décade que le “rêve” s’est déplacé vers le continent asiatique.
En fait il a pas compris, le Hugo (délire) qu’à New York autant qu’en France il ne sert à rien il est tombé dans le messianisme c’est typique des maroquiniers du sentiers.
“Les femmes me trouvent pas mal…” je vois pas trop le rapport avec la choucroute, puis dire cela devant la timorée Othilie c’est pas très judicieux, c’est même débile , c’est plus un coach là mais un psychiatre qu’il lui faut.
Comme Brice de Nice il attendait sa vague…
Bon retour en France les “rêveurs” !
Moi je trouve bien que Nicolas ait réussi à sauver leur couple (pour l’instant)…
D’accord avec Jean sur le “rêve américain” (les Américains sont les premiers à se bourrer le mou (ou le moi) avec ça et à faire leur petit film personnel en continuant à écraser les autres !). Il ne faut pas oublier comme disent les gens de la NPL (programmation neurolinguistique) que les USA c’est avant tout le pays du rejet. Créé par des rejetés, dont la première réaction est celle de rejeter les autres (hm, quid de la France en ce moment….?). Une fois qu’on a compris que les immigrants ne sont jamais vraiment les bienvenus dans ce pays, on peut commencer à rêver… que ce sera peut-être un des moteurs du renouveau de toutes ces valeurs, mais pour l’instant “il faut rester compétitif !”.
Bon courage à tous, expats de passage, implantés etc.
Merci pour cet article qui décrit l’une des principales problématiques
des femmes d’expatriés :
http://international-coaching-solutions.com/category/expatriation/