Chère Viviane,
Je lis les journaux, je regarde les nouvelles et je ne peux m’empêcher de me poser les questions suivantes : est- il prudent de laisser nos enfants avec une nouvelle baby-sitter, marcher à l’école, aller au parc ou même rester seuls à la maison. Le monde devient fou et j’ai peur pour eux. Mon mari trouve que j’exagère !
Marie- Hélène de Larchmont
Chère Marie- Hélène,
Moi aussi je suis bouleversée par les images qui accompagnent les histoires sinistres d’emprisonnement, de kidnapping et d’abus physiques. Il est impossible de rester impassible face à la meurtrissure vécue par ces victimes et leurs familles. Il est indéniable qu’en tant que parents, nous regardons ces drames d’un œil encore plus apeuré et forcement vigilant. Comment donc définir cette ligne invisible entre la prudence et l’hyper protection et la confiance par rapport à l’insouciance ?
Voilà en effet un vrai dilemme. En tant que parents nous sommes responsables de la sécurité physique, intellectuelle et émotive de nos enfants. Nous possédons leur confiance absolue et leur amour inconditionnel. Ceci permet au petit de se lancer en lâchant la main de sa maman pour la première fois, pour ensuite se séparer de la même maman devant sa classe de « day-care » pour, plus tard, passer une semaine de vacances auprès de ses grands-parents sans sa maman. C’est de notre devoir d’avoir d’un côté la main tendue en cas de besoin et de l’autre avoir la volonté de laisser le petit trébucher, sangloter et même crier « tu ne m’aimes pas ». C’est parfois si tentant de tout prévenir, et de tout amenuiser. Nos enfants sont entourés de périls, et d’accidents incompréhensibles tels une barrière en haut de l’escalier qui n’était pas bien fermée, le produit chimique laissé sous l’évier, le doigt qui se coince dans une porte de voiture et même la chute d’une trottinette en plein milieu d’un carrefour. Tout ceci fait atrocement peur car ces accidents arrivent même aux plus vigilantes d’entres nous. Franchement, nos sentiments de honte et de culpabilité mettent longtemps à cicatriser, bien plus que la bosse de notre enfant.
Parlons un peu du tournant radical de votre notion de danger du jour de la naissance de votre premier enfant. Ce fameux instinct maternel n’a rien à faire avec une pensée raisonnée. C’est le côté droit de notre cerveau, dit plus primitif qui se réveille et réagit. Cet instinct foudroyant vient aussi du corps, du centre du plexus solaire où nous sentons une réaction viscérale face au mensonge et au danger. Dommage qu’avec l’évolution de la société, nous ayons perdu cette confiance immédiate en notre 6e sens. Ce n’est souvent qu’après un événement que l’on arrive à reconnaître ou à admettre les signes précurseurs. Les étagères des libraires sont inondées de livres nous donnant des instructions précises pour apprendre comment être la parfaite maman avec le parfait bébé. Des conseils tel que ; allaiter ou pas, quelle température exige une visite immédiate chez le médecin, faut-il laisser son bébé pleurer, est-il simplement capricieux, quel mois doit-il est propre, quel jour doit- elle manger sa première banane et finalement quoi faire en cas de pleurs au pas de la porte ? Mille questions- mille réponses définitives, incontournables et sans faille !
Que se passe t-il fasse à cette certitude ? Comment la supporter quand on souffre d’angoisse face à cette responsabilité qui change d’une minute à l’autre, stimulant ainsi notre vision du risque et de la sagesse. En voulant suivre les chapitres à la page, certaines ignorent leur voix intérieure, et la voix de leur cœur. Du coup le doute, l’appréhension et l’inquiétude s’installent et maman se prépare déjà « au pire ». Une maman me disait qu’elle ne pouvait voyager en avion sans au moins un des ces enfants. Une autre racontait qu’elle ne pouvait s’envoler sans tous ses enfants car si l’avion chutait au moins ils n’auraient pas une vie sans leur maman. Et pourtant, combien d’entre nous, avons déjà entassé notre voiture remplit de 7 enfants tout en ayant que 5 ceintures de sécurité à bord, juste pour rendre service?
Quand vous vous posez la question : « Est ce que cela pourrait arriver à mon enfant ? La réponse est toujours « Oui » en effet tout peut arriver. Cependant il y a des meilleures questions à se poser : « Est ce que cela va arriver ? Est-ce en train d’arriver ? » Pensez à l’énergie que vous perdez en vous créant tous ces scénarios de « oui mais ». Vous pensez pouvoir contrôler les événements en envisageant toutes les éventualités car se sentir démuni en tant que parent nous fait trop peur. S’inquiéter donne malheureusement un faux sentiment de sécurité face à un réel danger.
Sachez que tout enfant élevé par des parents inquiets et anxieux le deviendra lui-même en ayant peur de prendre des risques, et peur de s’aventurer dans la vie. Il est indispensable que votre enfant ait confiance et desserre sa main de la votre pour prendre son premier pas sans crainte qu’il ne tombe. Il est important que votre enfant tienne sa fourchette bien que de la « mauvaise » main et fasse gicler la nourriture vers la bouche alerte du chien. Il est aussi important que votre petit enlève sa couche de jour pour envisager de le faire la nuit. Pensez aussi qu’il faudra croire en votre choix de crèche. Ne montrez pas trop vos craintes, restez souriante et optimiste. Ceci permettra à votre enfant, devenu plus grand, de prendre des risques en réfléchissant aux données inconnues. Il aura appris à écouter sa voix intérieure ainsi qu’à reconnaître sa compétence et ses choix.
Votre choix est clair: continuer à vous tourmenter, en tournant mille probabilités dans votre tête, ou bien agir, avoir confiance, chercher à vous éduquer quand vous doutez ou bien continuer à vous ronger. Au contraire Marie Hélène, prenez le temps de profiter de tous ces moments passés ensemble en reconnaissant avec fierté tous les obstacles surmontés. Je vous signale que l’anxiété se transforme vite en cauchemars et autres troubles dont il faudra s’occuper. Alors, je vous conseille d’apprécier tous les dangers passés en applaudissant votre vigilance et votre intuition de Maman.
Pour contacter Viviane et lui poser vos questions: www.vivianjacobslmft.com