Ils sont en quelque sorte les quatre mousquetaires de l’éducation bilingue à New York. Catherine Remy, Stéphane Lautner, Nadia Levy et Amélie Derrieux-Sable sont les parents derrière l’ouverture de classes bilingues français-anglais de Pre-K dans l’Upper East Side, point de départ, espèrent-ils, d’un programme bilingue public qui s’étendra jusqu’aux 5th ou 8th Grade.
Les deux classes, lancées au sein d’un centre du Département de l’Éducation new-yorkais sur East 76th Street, seront officiellement inaugurées lors d’une cérémonie d’inauguration le vendredi 2 octobre. “On est sur tous les fronts ! On sait qu’il y a beaucoup de demandes pour le français et d’autres langues de la part des parents, s’exclame Catherine Remy. Je suis très fière de ce programme“.
Le petit groupe s’est formé l’an dernier, lors des discussions pour ouvrir un programme bilingue au sein du District 2, un vaste territoire qui recouvre une grande partie de Manhattan sous la 96ème rue. Face à l’absence de programme public français-anglais, le Franco-Américain Stéphane Lautner avait pris son bâton de pèlerin et fait du lobbying auprès des autorités scolaires locales et du conseiller municipal de l’Upper East Side Ben Kallos. Une réunion en présence de dizaines de parents en décembre avait permis de montrer l’intérêt pour un tel programme (et à certains de nos mousquetaires de se rencontrer). En mars, la bonne nouvelle tombait: deux classes de pre-K seraient ouvertes à la rentrée 2020-2021.
Les parents ont répondu “présent”: 110 enfants sont sur liste d’attente. Pour l’heure, quarante élèves sont scolarisés dans les classes de Pre-K, avec l’objectif d’en accueillir quarante autres dans deux autres. “La demande vient de partout dans Manhattan. On a des parents de Battery Park City et d’East Harlem. On nous demande déjà pour les années supérieures“, précise Stéphane Lautner.
Pour ce dernier et le reste de la petite équipe, les classes de Pre-K ne sont qu’un début. Des recherches sont d’ores-et-déjà en cours pour identifier un site au sein du District pouvant accueillir les niveaux supérieurs jusqu’au 8th Grade.
Les départs de familles françaises liés à la Covid-19 n’ont pas entamé le besoin pour un tel programme. “On avait une liste d’attente importante“, rappelle Nadia Levy, qui est Montréalaise. Les programmes bilingues sont traditionnellement constitués pour moitié de locuteurs francophones et d’anglophones natifs pour l’autre moitié.
Stéphane Lautner indique que la crise sanitaire pourrait même faciliter l’identification d’un futur site pour le développement du programme. “La Covid n’a pas ralenti nos démarches, explique-t-il. Traditionnellement, les écoles du District 2 n’ont pas de problèmes de sous-inscriptions. Mais les désinscriptions actuelles créent une ouverture. Il y a des écoles qui cherchent des élèves“.
En plus de partir à la chasse aux écoles, les quatre parents se mobilisent pour faciliter le recrutement d’enseignants qualifiés, le nerf de la guerre pour la création et la croissance de tout programme bilingue. Or, l’embauche d’enseignants provenant de l’international est gelée et le processus local de certification pour enseigner dans un contexte bilingue est coûteux et long. “On essaie d’établir des liens avec les programmes bilingues russes, italiens, japonais et français et de travailler avec l’Ambassade de France pour changer cela“, précise Stéphane Lautner. Il n’y a pas que pour les enfants que la rentrée est chargée.