Le vote des Français de l’étranger à la primaire de la droite et du centre provoque des remous chez Les Républicains. Un jour après que Nicolas Sarkozy a fait voter le bureau politique du parti contre le vote électronique, la Haute autorité chargée de superviser l’organisation du scrutin souligne dans un communiqué qu’un vote papier n’est pas ce sur quoi “elle a travaillé” .
Citant des “difficultés propres à l’organisation du scrutin” , des “contraintes d’acheminent du matériel de vote” et l’impossibilité d’établir des bureaux de vote en dehors des postes diplomatiques et consulaires dans certains Etats, l’instance “recommande” que le bureau soit de nouveau saisi pour permettre “un vote effectif des Français établis hors de France” .
Alors que le vote électronique avait déjà été approuvé par le Bureau politique, reçu un avis conforme de la Haute Autorité et avait même été inscrit dans le règlement de la primaire, le bureau a voté contre toute attente, mardi, en faveur “du maintien des modalités de vote telles qu’elles ont été définies par la Charte de Primaire” . Celle-ci prévoit un mode de vote identique entre tous les électeurs, qu’ils soient en France ou à l’étranger. Le vote (47 personnes moins quatre voix) a eu lieu en l’absence des principaux candidats déclarés, tous en campagne, ce qui leur a fait dire que Nicolas Sarkozy et ses supporters leur avaient joué un sale tour.
«Tu vois, je reviens de la Somme. Je ne vois pas au nom de quoi un mec de la Somme devrait faire 40 kilomètres pour aller voter, alors que pour un golden boy, ce serait aussi facile», aurait lancé le chef de l’opposition à Thierry Solère, chargé de l’organisation du scrutin, selon le site l’Opinion.
Les adversaires de Nicolas Sarkozy font front commun: François Fillon, Bruno Le Maire, Hervé Mariton et Alain Juppé ont déclaré qu’ils avaient saisi ou qu’ils saisiront la Haute autorité pour contester ce vote. «La Charte des primaires, acceptée par les candidats déclarés et la direction des Républicains, s’impose à tous et aucune modification des règles de vote ne saurait être adoptée sans consultation de la Haute autorité de la primaire» , a critiqué François Fillon dans un communiqué.
Tandis qu’Alain Juppé a parlé sur RTL de situation “très préoccupante” où “deux millions de Français seront privés du droit de vote” , Bruno Le Maire a fustigé, dans une lettre envoyée à la présidente de la Haute autorité, un «mode de fonctionnement (qui) ne saurait rassurer les candidats et n’est pas à même d’installer les fondements d’une élection loyale et transparente».
“Quel est l’intérêt du Président des Républicains d’interdire, de fait, le droit de Vote à de nombreux Français de l’étranger ?” s’est demandé sur Facebook Frédéric Lefebvre, député des Français d’Amérique du Nord. Candidat déclaré à la primaire, il entend organiser son propre scrutin par internet “avec une société habilitée et sous la surveillance d’un huissier” si la situation reste inchangée. “On ne peut priver, de fait, de droit de voter les centaines de milliers de Français, sur les 1,3 million d’électeurs dans le monde entier, qui seront trop éloignés d’un bureau de vote. Ce serait un déni de démocratie” .
Brice Hortefeux, un fidèle de Nicolas Sarkozy, a défendu cette décision en reconnaissant des hésitations au sein du parti. «Nous avons décidé de reproduire pour la primaire les règles appliquées à la présidentielle. C’est donc une décision de simplicité et de cohérence que les reproduire aussi pour le vote des Français de l’étranger, a-t-il confié au Scan politique du Figaro. Cela n’empêchera pas grand monde de voter en réalité. Si vous prenez la Chine, l’écrasante majorité des votants se concentrent dans les trois plus grosses villes.» La balle est désormais dans le camp de Nicolas Sarkozy.
En 2011, le parti socialiste avait opté pour le vote par correspondance ou à l’urne (dans certains consulats) pour effectuer sa primaire.