L’avez-vous déjà remarqué ? Sur leurs devantures, les pressings américains utilisent souvent le nom “French Cleaners”. Un terme censé apporter un gage de qualité et de sérieux dans l’exécution du nettoyage. Mais d’où vient ce terme ? C’est la question bête de la semaine.
La technique moderne du nettoyage à sec a été mise au point par un Français, Jean-Baptiste Jolly, au milieu du XIXème siècle. C’est lui qui a inventé la méthode du nettoyage à sec utilisant de la térébenthine et l’alcool, et qui permet de laver sans eau.
Le procédé s’est ensuite répandu en France et en Europe, et le “French cleaning” a acquis une réputation internationale. La haute-société anglaise ne jurait que par cela. Aujourd’hui, les pressings utilisent une autre méthode (à base de perchloroéthylène, dit “perc”), mais le nom est resté.
La piste béarnaise
Une autre raison explique la permanence du terme “French cleaner” en Amérique. A la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, plusieurs dizaines d’immigrés français originaires du Béarn et du Pays Basque se sont installés en Californie.
“C’était le cas de mes parents, tous les deux originaires de cette région. Il n’y avait pas beaucoup d’opportunités dans leurs montagnes, et le climat de Californie était propice”, affirme Retta Etchegaray, une Américaine originaire du Béarn, qui vit à Los Angeles, et tient un blog sur ce sujet.
A la recherche de nouvelles opportunités en Amérique, beaucoup de ces immigrés basques et béarnais se sont spécialisés dans la blanchisserie – profitant de la bonne réputation de la technique française.
Un coup marketing a permis de les mettre sur orbite : Jane Stanford, l’épouse de Leland Stanford, le fondateur de l’université de Stanford, devait recevoir William McKinley, président des Etats-Unis. Mme Stanford voulait envoyer une nappe en dentelle à New York pour blanchissage. Mais la femme de menage avait par erreur envoyé la nappe à la maison Larrecou, des Béarnais qui tenaient une blanchisserie à la française à Menlo Park. “Mme Stanford a été très impressionnée par l’attention particulière accordée à la nappe. A partir de là, elle se servait uniquement des soins du Menlo French Laundry”, raconte Retta Etchegaray, qui organise des réunion de descendants de Béarnais en Californie.
Rapidement, les « french laundries » sont devenues la référence pour toutes les bonnes familles de Californie. C’est ainsi que foisonnent des blanchisseries qui ne laissent pas de doutes sur leur origine : elles se nomment French laundry, Parisian laundry, European hand laundry, Bright star French laundry, Elite French laundry ou encore Liberty French laundry.
“Dans le secteur de la blanchisserie, les Béarnais arriveront même à détenir le quasi-monopole à San Francisco entre 1880 et 1920 (102 sur 136 blanchisseries seront encore aux mains des Béarnais en 1925), y faisant travailler leurs compatriotes”, écrit l’historienne Arianne Bruneton dans son article sur les Béarnais émigrés en Amérique.
Aujourd’hui, le glorieux passé des “iron men” français est remémoré dans l’assiette : Thomas Keller, l’un des chefs les plus réputés aux Etats-Unis, a baptisé son restaurant étoilé de San Francisco The French Laundry.
0 Responses
J’adore les questions bêtes … car on apprends des choses; “perchloroéthylène”
https://fr.wikipedia.org/wiki/Perchloro%C3%A9thyl%C3%A8ne
Il est l’heure d’aller prendre mon verre d’oxyde dihydrogéné
Pendant la Ruée vers l’Or pour laver son linge sale on l’envoyait à Hawaï ou même en Chine par bateau. Il fallait avoir assez de tenues de rechange pour attendre son retour…
La première partie de l’article ne tiens pas la route ,la seconde est proche de la vérité , en fait, les French laundry datent de la rué vers l’or à San Francisco dans les années 1849 , en effet les Français et les Chinois se sont lancé dans ce commerce en même temps ,si les Chinois nettoyaient le linge de façon basic , les français eux redonnaient aux clients le linge impeccablement repassé et amidoné .
Je précise que les Chinese laundry et les French laundry avaient pignon sur rue à San Francisco et personne n’envoyait son linge a netoyer ni en Chine ni en France .