Il étaient artistes, cinéastes, intellectuels, banquiers à Wall Street. Dès 1914, des dizaines d’Américains ont décidé de s’engager comme volontaires dans la Première Guerre mondiale aux côtés de l’armée française alors que les Etats-Unis, à l’époque pacifistes, n’étaient pas encore entrés dans la bataille.
Au total, on estime le nombre de ces forces à plus de 200. Alors que les Etat-Unis commémorent, le 6 avril, le centenaire de leur entrée officielle dans la Grande Guerre, le souvenir de ces volontaires est toujours vif.
“En 1914, beaucoup d’Américains voulaient faire quelque chose pour aider à combattre l’Allemagne”, explique l’historien Kevin C. Fitzpatrick, auteur du livre World War I New York (Globe Pequot). “D’autant plus que les liens entre les Etats-Unis et la France étaient très forts : c’était seulement 30 ans après que la France avait fait cadeau de la Statue de la Liberté au peuple américain.”
Les relations entre les deux pays avaient été marquées par l’intervention française durant la révolution américaine, à la fin du XVIIIe siècle. “Durant la Première Guerre mondiale, beaucoup d’Américains se disaient : ‘nous allons aider la France comme elle nous a aidés’ “, ajoute Kevin C. Fitzpatrick.
Des artistes en quête de romantisme
Ainsi, en août 1914, un jeune reporter du New York Herald, Georges Casmèze, relaya dans un article un “appel à tous les étrangers amis de la France“, débouchant sur l’engagement d’un grand nombre d’Américains en seulement quelques jours.
Ces volontaires venaient pour se battre aux côtés des Français, mais pas seulement. “Certains conduisaient des camions, des ambulances“, indique Kevin C. Fitzpatrick. A l’image du célèbre écrivain John Dos Passos qui s’engagea dans le corps des ambulanciers. “D’autres organisaient des levées de fonds ou montaient des hôpitaux (…) Il y avait parmi ces hommes-là un désir d’aventure, une envie de participer à une guerre, de faire partie de quelque chose de grand. C’était lié à une notion du romantisme“, précise l’historien.
En 1914, cette soif de romantisme attira sur le Vieux Continent Cyros LeRoy Baldridge, un Américain alors âgé de 25 ans, qui avait terminé ses études à New York. En France, il conduisit lui aussi des véhicules, travailla comme brancardier, aida à fournir des munitions aux soldats, et se rendit sur les champs de bataille. Ce qu’il vit, Cyros LeRoy Baldridge le dessina. En 1917, lorsque les Etats-Unis entrèrent dans la guerre, il devint illustrateur. Ses dessins furent publiés dans un grand nombre d’hebdomadaires aux Etats-Unis.
De son côté, Sidney Rankin Drew, un acteur et réalisateur américain (cousin éloigné de l’actrice Drew Barrymore), se rendit en France en 1917. D’abord conducteur d’ambulances, il prit des cours de pilotage et devint volontaire dans l’escadrille Lafayette, une unité d’aviation composée exclusivement de pilotes américains, avant d’être tué en 1918 alors âgé de 26 ans. Un monument a été érigé à sa mémoire dans Central Park.
Des “hommes courageux” qui “croyaient très fort en ce qu’ils faisaient“
L’escadrille Lafayette, financée par des Américains francophiles, incarne à merveille la détermination d’une poignée d’Américains pour défendre la France. Son histoire a d’ailleurs été adaptée plusieurs fois sur grand écran. Sous commandement français, elle arborait fièrement ses origines via un emblème, le profil d’un Indien d’Amérique, peint sur les appareils. Le but : faire connaître l’engagement des volontaires américains dans l’espoir que les Etats-Unis abandonnent leur neutralité.
“Ces volontaires étaient vus comme des héros dans leur pays, estime d’ailleurs Kevin C. Fitzpatrick. Leurs actions ont joué un rôle petit mais significatif dans l’entrée en guerre des Etats-Unis.”
https://www.instagram.com/p/BLjndOOjQRU/?taken-by=daisy_prince&hl=fr
Norman Prince fut l’un des fondateurs de l’escadrille Lafayette. En 1916, cet avocat diplômé de Harvard, fils de parents francophiles, fit pression sur les autorités françaises pour obtenir la création de cette unité d’aviateurs.
https://www.instagram.com/p/BLjowbWDgZX/?taken-by=daisy_prince&hl=fr
“Au début de la guerre, il était dévasté par ce qu’il se passait en France. Il ne pouvait pas supporter la politique isolationniste des Etats-Unis“, explique Daisy Prince, 41 ans, contactée grâce à la WW1 Centennial Commission. Cette New-Yorkaise est l’arrière-petite-nièce de Norman Prince. Elle est aussi l’arrière-petite-fille de Frederick Prince, le frère de Norman, qui s’engagea lui aussi comme aviateur volontaire.
https://www.instagram.com/p/BLjpoQcDG9T/?taken-by=daisy_prince&hl=fr
“Ils étaient très courageux. Ils croyaient très fort en ce qu’ils faisaient. Ils défendaient leurs amis, même si ce n’était pas leur pays”, indique Daisy Prince.
Norman Prince participa à 122 combats aériens. Il décéda en octobre 1916 dans les Vosges de retour d’une mission après le crash de son appareil au moment de l’atterrissage. Son corps repose désormais dans un tombeau dans la Cathédrale nationale de Washington.
0 Responses
Bonjour, Je trouve que vous êtes passée trop vite sur les volontaires non combattants tels que les ambulanciers. D’autant qu’une de leurs organisations, l’American Field Service (AFS) poursuit aujourd’hui à travers des activités éducatives par des échanges internationaux de jeunes. Le nombre de leurs volontaires, a été très important et leurs actions d’une énorme portée aussi bien pour les blessés que pour les populations civiles. Je vous invite à visiter le Musée Franco-Américain de Blérancourt (Aisne) dont une salle évoque aussi bien les actions des Ambulances que celles de l’Escadrille Lafayette.
http://museefrancoamericain.fr/
Vous êtes certainement très intéressé par la 1ère Guerre mondiale- comme moi- mais je trouve que c’est déjà super de publier un tel article, pour raviver les mémoires ou pour faire connaitre “notre histoire”.
Bien sûr et je pense que former des jeunes à la compréhension internationale en leur montrant la vie de ces héros est digne d’éloges. J’ai été directeur de AFS France pendant de nombreuses années et j’ai vécu près de Château Thierry, où l’armée américaine s’est illustrée en 1918, laissant sur place les corps de 20.000 jeunes soldats américains. De plus le fils de Théodore Roosevelt s’est écrasé avec son avion à deux pas du village où j’habitais.
Vous dites que les ambulanciers n’étaient pas des combattants alors que le fait d’être sur les champs de bataille pour secourir les soldats les mettaient ,eux aussi en danger.
Pour mémoire, je me rappelle d’avoir lu des B.D. francaises des années 60 mettant en scène des soldats américains où ils participaient à la guerre dans tous les domaines: stratégie, secours, aviation et ceci dans les deux guerres.
L’engagement de ces jeunes américains était un engagement passionné appartenant à une génération qui avaient en tête les actions de leurs ancêtres venus de la vieille Europe.
Je vous recommande d’aller sur le site du musée de la guerre en tapant” Qui a vraiment dit “La Fayette nous voilà!” Mission centenaire 14-18 .
D’autre part je me souviens d’ avoir lu à Baltimore une plaque commémorative en français avec une citation de Poincaré.”En 1777 La Fayette traversant les mers avec des volontaires français………en 1917 l’Amérique qui n’avait jamais oublié La Fayette a traversé les mers pour aider la France et le monde a été sauvé.(Poincaré).
Il se trouve que j’ai pu rencontrer au moins deux des anciens ambulanciers de l’AFS. Donc j’ai pu entendre de leur propre bouche la nature de leur engagement. Vous avez en partie raison, c’est pourquoi certains d’entre eux sont entrés à l’escadrille Lafayette. Mais d’autres ont préféré rester ambulanciers. Donc ils se considéraient engagés mais pas en guerriers,
Lors de la libération de Château Thierry un général dont j’ai oublié le nom a dit “Lafayette nous voilà”.
A noter qu’ en 1914 les volontaires américains pour les unités combattantes encouraient la déchéance de leur nationalité américaine, les états-unis étant neutre. C’est dire le courage et l’abnégation de ces hommes.
Ils ont donc incorporés pour la plupart des unités de la légion étrangère. Et oui, à la légion le passé est effacé, et ils ont donc pu choisir un nouveau nom et une nouvelle nationalité .le temps de leur passage chez les légionnaires