“I Love LA” : la première exposition collective de Praz-Delavallade est “une crypte du coeur“.
Cachée derrière une façade immaculée, et accessible via le parking, cette nouvelle galerie est logée au coeur du quartier des musées, non loin du Hammer, du Lacma et de la future fondation Mariano. Ouvert depuis le samedi 28 janvier sur Wilshire boulevard, le lieu est affilié à la galerie éponyme parisienne. Derrière ces noms, se trouvent Bruno Delavallade et René-Julien Praz.
Rien ne les prédestinait pourtant à cette carrière. Originaire du Sud-Ouest, Bruno Delavallade exerçait dans les relations publiques dans le domaine pharmaceutique. “A la trentaine, je me suis reconverti avec beaucoup de naïveté“, avoue-t-il. Sa rencontre avec le Lyonnais René-Julien Praz, journaliste et producteur de télévision, a catalysé cette envie de représenter la scène artistique angeline.
Venant à Los Angeles depuis de nombreuses années pour voir de la famille, les deux hommes ont observé l’effervescence artistique. “Il y a une véritable liberté d’expression, une représentation métissée de la création. Cette scène est totalement différente : les artistes ne sont pas phagocytés par le poids de l’histoire“, décrit Bruno Delavallade. “Et ils n’ont pas peur du ridicule“, complète son compère, “tout en ayant des références d’histoire de l’art pointues.” C’est d’ailleurs à Los Angeles que René-Julien Praz a acheté sa première oeuvre d’art contemporain, il y a 25 ans.
Le parcours du combattant démarre alors. Ils ouvrent leur première galerie en 1995 à Paris, avant d’abandonner pour se relancer en 1996. “Notre première exposition d’art portait sur Los Angeles, avec des stars actuelles comme Paul McCarthy. Et pourtant, ce fut un fiasco total“, racontent-ils, se remémorant “leur candeur” de l’époque.
Depuis 20 ans, ils exposent “des artistes iconiques de Los Angeles qui sont méconnus à Paris“. Peu à peu, ils ont créé des contacts avec des galeristes, collectionneurs et des artistes locaux; et ont fondé leur réputation sur cette identité californienne.
“On s’est dit qu’il fallait briser la glace, lâche René-Julien Praz. Nous avions envie d’établir une passerelle avec les artistes européens, dont quelques Français. On les montrera à Los Angeles.”
Ce coup de coeur vibrant pour la scène artistique californienne est crié dans leur première exposition. Eclectique, “I Love LA” rassemble dix-neuf oeuvres d’autant d’artistes locaux, dont des confirmés comme Jim Shaw et Sam Durant et d’autres émergents tels qu’EJ Hill et Alexander Kroll. “C’est un condensé de 20 ans d’engagement. On a voulu rendre hommage à nos artistes, déclarent les deux associés. Nous sommes une galerie française qui s’installe à Los Angeles, on doit faire preuve d’humilité.”
Installées durant un mois et demi, les expositions se succéderont, sans se ressembler. La prochaine sera dédiée à Matthew Chambers, suivie par les photographies de l’Israélien Adi Nes. Cet été, une exposition collective sur les droits sociaux et LGBTQ prendra possession des lieux.
Vivant entre L.A et Paris, les deux associés comptent poursuivre les échanges entre les deux villes. Mais ils ne prévoient pas d’ouvrir d’autres galeries. “On ne veut pas faire une multinationale, ni perdre notre âme.“