Fini le temps où l’on pouvait acheter son magazine préféré au coin de la rue. Les fameux « newsstands » new-yorkais vendent de tout, mais très peu de presse. Pourquoi en est-on arrivé là ?
Pour Max Bookman, avocat représentant la New York City Newsstand Operators Association, organisation qui défend les droits des kiosquiers, tout a commencé dans les années 1980, lorsque de nombreux immigrés de l’ouest de l’Inde sont arrivés à New York : « Ils avaient l’esprit entrepreneurial et cherchaient à gérer de petits commerces, c’est comme cela qu’ils ont peu à peu commencé à travailler dans les newsstands». Voyant que la vente de journaux et de magazines ne fonctionnait plus très bien, ils ont réussi à obtenir de la mairie new-yorkaise l’autorisation de diversifier leur offre et de ne plus seulement vendre la presse. La transition s’est étalée dans le temps. Dans les années 60, la ville a donné son feu vert à la vente de cigarettes, puis à la nourriture pré-emballée en 1979 et a augmenté le prix maximum des articles vendus de 5 à 10 dollars en 2013. « Ils ont commencé à vendre du tabac, des bonbons, des sodas et des bijoux », décrit Max Bookman. Des kiosquiers lui ont rapporté qu’ils vendaient plusieurs milliers de journaux par jour dans les années 1980. Aujourd’hui, ils sont chanceux d’en vendre vingt.
Le Wall Street Journal explique que la faible demande pour la presse n’est pas la seule en cause. “Les opérateurs disent qu’ils reçoivent uniquement 5 cents sur la vente d’un tabloïd à un dollar, comparé à 80 cents sur une bouteille de Poland Spring à un dollar et 65 cents sur un barre Snickers à 1,25 dollars“.
L’avocat, en voyageant à Paris, s’est rendu compte que les kiosques à journaux y vendaient principalement de la presse : « À New York, les kiosquiers veulent vendre ce qui rapporte de l’argent. Ils n’ont pas pas pris la décision de ne pas vendre de journaux, c’est juste que personne ne les achetait. »
Les kiosquiers français se doivent de respecter plusieurs contraintes, dont le fait de vendre de la presse sur au moins deux-tiers de leur surface commerciale. Cette réglementation a été adoptée en 2011 alors que les kiosquiers mettaient un à un la clef sous la porte et qu’ils n’étaient pas autorisés à vendre autre chose que de la presse, contrairement aux travailleurs indépendants new-yorkais.