Alors qu’elle s’apprête à affronter la France en coupe du monde vendredi 28 juin, l’équipe féminine américaine de foot est plus que jamais au top de sa forme. Arrivée en France en grande favorite, elle a d’ores et déjà marqué l’Histoire en s’imposant contre la Thaïlande 13-0; un match traumatisant pour l’adversaire et un nouveau record du monde pour les “Stars and Stripes”, le nom donné à la formation.
Les Américaines n’en sont pas à leur premier coup d’essai : triple championnes du monde (1991, 1999 et 2015), médaillées d’or aux Jeux olympiques d’été à quatre reprises… Elles n’ont clairement rien à envier aux autres équipes et encore moins à leurs compatriotes américains qui peinent à passer les quarts de finale quand ils réussissent à se qualifier. Pourquoi sont-elles aussi fortes ? C’est la question bête de la semaine.
Pour Noah Davis, auteur du livre American Heroes: The U.S Women’s Soccer Team road to glory et journaliste américain, tout est une question de budget. “Ce n’est un secret pour personne, le gouvernement américain investit énormément d’argent dans le sport et nos joueuses de football en ont bénéficié tout au long de leur carrière et plus récemment durant les phases d’entraînement. Ce que l’on voit sur le terrain aujourd’hui, c’est simplement le résultat de cet investissement. Rares sont les équipes qui ont cette chance”.
Au-delà de l’aspect financier, il semblerait que la tradition joue aussi un rôle. A en croire Noah Davis, les Américaines ont eu la chance de s’inscrire dans la culture du football très tôt, contrairement à leurs homologues masculins. “Lorsque le football féminin a été véritablement lancé dans les années 80, les États-Unis étaient présents. Une équipe a été formée et elle a pu évoluer au même rythme que ses adversaires. Elle a joué son premier match en 1985. Six ans plus tard, elle est devenue championne du monde pour la première fois. A contrario, l’équipe masculine essaye encore aujourd’hui de s’intégrer à cet univers.”
Au fil des victoires, les “Stars and Stripes” ont gagné la confiance de leurs concitoyens et ont creusé un fossé avec l’équipe masculine. Selon le journaliste sportif, cela n’a rien de surprenant. “Les femmes sont plus investies que les hommes car elles sont bonnes à ce qu’elles font. Il y a une vraie culture autour du football féminin aux États-Unis depuis une bonne vingtaine d’années quand les hommes ont d’autres sports favoris (baseball, football américain…). Les joueuses ont fait et font encore leurs preuves. Elles suscitent l’intérêt de tous, hommes comme femmes, jeunes comme moins jeunes. Elles représentent notre pays et elles le font très bien et pour ça, elles ont bien raison de se battre pour l’égalité salariale.”
En dehors des divisions pro, cette culture du ballon rond incite d’innombrables adolescentes à se consacrer au football durant leurs études pour rejoindre les bancs de l’université. Contrairement aux garçons, les jeunes Américaines ont moins de chance de se faire recruter grâce au sport car elles sont confinées à des disciplines bien précises comme la natation, le volley ou bien encore le water polo. En se perfectionnant, elles peuvent gagner leur billet d’entrée pour l’école de leurs rêves.