Le covoiturage fait recette en Europe, comme le montre le succès de BlaBlaCar (10 millions d’utilisateurs dans 18 pays, de l’Irlande à l’Inde, selon son site internet). Aux Etats-Unis, c’est une autre histoire. Pourquoi? C’est la question bête de la semaine.
BlaBlaCar a envisagé de se lancer aux Etats-Unis, mais a dû retrograder. Dans une interview donnée à La Tribune en 2014, le co-fondateur et PDG de l’entreprise, Frédéric Mazzella, a expliqué les raisons de ce recul. L’incitation financière d’abord. Aux Etats-Unis, “faire un kilomètre coûte deux fois moins cher qu’en France, et même trois fois si l’on prend le ratio du PIB par habitant” si l’on prend en compte le prix de l’essence, de l’assurance et du véhicule. La taille du pays serait aussi pénalisante. “Les villes sont très distantes et très étalées“, selon cet ancien étudiant de Stanford.
La conception des services est très différente des deux côtés de l’Altlantique. “Le service au consommateur doit être haut de gamme aux Etats-Unis tandis que les Européens verront davantage l’aspect financier“, souligne Sandira Calviac, qui a créé une startup de covoiturage en 2011, Ride Hack, dont le concurrent direct était à l’époque Zimride. Elle a jeté l’éponge depuis.
Alors que, aux Etats-Unis, le conducteur est le premier intéressé par l’argent, ce qui expliquerait le succès de Uber, c’est davantage le consommateur qui, en France, créé le marché du covoiturage. La réglementation des bus et les coûts de la SNCF pourraient expliquer en partie cette inversion de perceptions.
Il y a aussi le rapport de l’Américain à sa voiture. “C’est un espace intime, comme une seconde maison.” Il est plus difficile pour un Américain de partager son véhicule pour un trajet, même si le besoin financier existe.
Contrairement au PDG de BlaBlaCar, Sandira Calviac ne pense pas en définitive que le coût soit un frein aux US. “En Europe, l’argent c’est important. Tandis qu’aux Etats-Unis, c’est le temps qui compte. Si on n’a pas réussi à faire gagner du temps aux clients, ça ne sert à rien.”
Côte ouest vs. côte est
Aux Etats-Unis même, les différences existent. Sur la côte ouest, le “ride sharing” s’est développé sous l’impulsion des pouvoirs publics et des entreprises. “La Californie d’une manière générale est plus consciente des problèmes environnementaux. Il y a par exemple des prix réduits sur les voies réservées aux véhicules à occupation multiple (ou HOB lines)“, poursuit Sandira Calviac.
Il n’en reste pas moins qu’aucune entreprise ne semble combler le vide entre les villes. “Il faut atteindre une masse critique avant de pouvoir offrir un service correct” admet-elle, à savoir attirer suffisamment d’utilisateurs pour offrir des trajets réguliers, et en nombre soutenu, entre des lieux clés. Un problème que BlaBlaCar a su résoudre en France.
En dépit de quelques entreprises qui, chaque année, développent sans succès des applications de covoiturage, “le rapport à la voiture est en train de changer aux Etats-Unis” glisse, optimiste, Sandira Calviac. Le développement du car sharing (la location de voiture, comme sur getaround.com) ainsi que des services de chauffeurs comme Uber et Lyft participeraient à cette évolution. Certaines entreprises, comme Zimride, ont choisi de se concentrer sur les campus universitaires et les entreprises par exemple. Sans alternative, le service de covoiturage le plus abouti reste, aux Etats-Unis, celui proposé par Craigslist.
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Question bête : pourquoi les américains ne s’intéressent pas à la garde partagée d’enfants ?
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