Le goût du café traditionnel américain alimente de nombreux débats entre Français. Souvent dilué dans du lait et dans du sucre, il est comparé à du jus de chaussette pour certains, ou léger et aromatisé pour d’autres. Histoire de goût. Pour les amoureux de l’expresso, c’est une autre histoire. S’il est rare d’en trouver dans les cafés américains, les shots d’expresso ont parfois un ton amer, un goût de brûlé. L’expresso américain ferait peur aux plus courageux, qui se retranchent vers les cortados et cappuccinos. Mais pourquoi les expressos ne sont pas populaires aux États-Unis ? C’est la question bête du jour.
Moulu, instantané, en dosettes, en grains… Les Américains sont de grands consommateurs de café. Le café américain le plus connu en France est l’Américano, le fameux « drip Coffee ». Ce café, coupé à l’eau chaude dans un grand bol, est de loin la boisson la plus ingurgitée au réveil par les Américains. Alors qu’en France, les terrasses matinales sont souvent bondées de gens attablés ou au bar avec une petite tasse d’expresso, les Américains arrivent au travail avec leur café à emporter dans de grands gobelets en carton. « Lorsqu’on évoque le café américain, il ne faut pas oublier que son histoire est liée à la culture américaine », évoque Paulo Neves, fondateur de Café Richesse dans le Colorado. Originaire du Brésil, Paulo Neves a immigré aux États-Unis en 1982.
À l’époque, les expressos n’existaient pas encore aux États-Unis. « Quand je suis arrivé, le café était essentiellement fait avec des cafetières à percolation. Les maisons n’étaient pas toujours chauffées toute la journée, donc c’était pratique pour les gens. Par contre, le goût du café était perdu très rapidement », raconte Paulo Neves. Alors que les premières machines à expresso ont déjà révolutionné une partie de l’Europe depuis le début des années 1930, les Américains bouderont longtemps ce café bien trop serré à leur goût. « Les Américains ont un héritage avant tout anglo-saxon. Le petit-déjeuner américain est proche de celui des Anglais et le café ressemble au long thé noir que l’on continue de verser pour se tenir chaud », rappelle Paulo Neves qui admet : « beaucoup d’Américains ne connaissent pas vraiment le goût du café. »
Réduire le goût des Américains à l’américano serait oublié l’immense diversité culturelle d’un pays aux nombreuses inspirations. « Les États-Unis ne sont pas un pays uniformisé », assure Paulo Neves, qui a voyagé dans les quatre coins du pays. « Si vous êtes originaires de la Nouvelle-Orleans, vous aimez votre café court et très sucré ». En Floride, la culture cubaine a apporté le café cubano, un expresso très serré mélangé à du sucre. « Grâce à la globalisation, les palais se développent et le goût des consommateurs de café évolue », s’enthousiasme l’entrepreneur.
Même si les machines à expresso existent depuis plusieurs années, très peu d’Américains en possédaient une jusque dans les années 1990. « Je me souviens que nous sommes allés jusqu’en Suisse pour acheter notre première machine automatisée pour espresso », se remémore Paulo Neves. C’était en 1992. Depuis, les machines à expresso ont poussé un peu partout aux États-Unis, mais leur qualité diffère. « La plupart des expressos qui ont le goût de brûlé ont connu un temps d’extraction bien trop long », affirme Paulo Neves. Ce dernier estime cependant que le « drip Coffee » est de mois en moins populaire. « Les machines sont de plus en plus faciles à utiliser et de nombreuses personnes vivent seules et ne vont pas se préparer une cafetière (entière). »