De sa maison sur Foxhall Road, dans le quartier de Georgetown, Jean Monnet se baladait souvent à Rock Creek Park. « Des promenades quotidiennes », souligne l’historien Gérard Bossuat, spécialiste de Jean Monnet et auteur du livre « Jean Monnet, L’Europe et les chemins de la paix » avec Andreas Wilkens. En hommage au diplomate, considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Europe, l’ambassade de France aux États-Unis lui dédie un banc, qui sera installé dans un coin de ce parc de Washington DC.
« La France tient la présidence à l’UE et nous voulions essayer de faire un geste marquant pour les Américains, explique Baudouin Carrard, porte-parole adjoint de l’Ambassade de France aux États-Unis. L’Union européenne est complexe et on ne comprend pas toujours comment cela fonctionne. On voulait donner une image parlante et montrer qu’il y a un lien entre les États-Unis et l’Europe. »
En 1940, Jean Monnet avait été envoyé à Washington pour servir la British Supply Council. « Il y restera pendant cinq ans, années qu’il mettra à profit pour élargir encore son cercle de relations en Amérique et parfaire sa connaissance du fonctionnement du gouvernement américain, écrit Gérard Bossuat dans son livre. Jean Monnet a une politique personnelle avec les États-Unis, il a toujours réussi à trouver des interlocuteurs américains. » Mais, ce que souligne l’historien, c’est son habilité à s’être intégré dans le milieu des dirigeants américains. « Il invitait des gens chez lui et rencontrait des Américains proches du gouvernement, et il a rencontré plusieurs fois Roosevelt », souligne-t-il.
Jean Monnet entretient des relations suivies avec Félix Frankfurter, juge à la Cour suprême, le secrétaire à la Guerre Henry L. Stimson, Robert Sherwood, collaborateur de Harry Hopkins, ou encore avec Dean Acheson, alors assistant du secrétaire d’État pour les Affaires économiques. Pour l’historien, Jean Monnet aurait développé l’idée d’une unité européenne auprès de John Foster Dulles, futur secrétaire d’État du président Eisenhower et avec qui il entretient une relation professionnelle depuis l’armistice de 1919.
La France a donc proposé l’inauguration d’un banc dans le parc que le diplomate aimait tant pour commémorer son passage dans la capitale américaine. « Ce sera un banc qui rappelle la France, un banc parisien du style du XIXe siècle, qui a été transporté gracieusement par Fedex depuis Paris », indique Baudouin Carrard. Pour l’inauguration officielle, il faudra attendre que le Congrès approuve la législation introduite le 4 février dernier par les coprésidents du Sénat et de la Chambre, ainsi que le Congressional French Caucus.
Les participants à l’ouverture des ambassades européennes EU Open House l’ont peut-être déjà aperçu. Il sera officiellement dévoilé à la résidence de l’ambassadeur, en présence des membres du Congrès, ce mercredi 18 mai. Quant à son installation à Rock Creek Park, « d’ici quelques mois », espère l’ambassade.