Que vous passiez votre 31 bien au chaud à regarder la boule de Times Square tomber à la télévision ou congelé, sans toilettes, au beau milieu du “carrefour du monde”, cette question bête est pour vous.
La réponse n’a rien à voir avec New York ou le Nouvel An. Ce dispositif de la boule tombante a vu le jour en Angleterre, dans l’esprit d’un capitaine de la Navy du nom de Robert Wauchope. Nous sommes au début du XIXème siècle. Les marins, comme Wauchope, utilisaient depuis quelques années de gros chronomètres portables pour déterminer l’heure exacte alors qu’ils étaient en mer. Problème: ces outils allaient souvent à leur propre rythme, donnant des heures inexactes aux marins, qui en avaient pourtant besoin pour se repérer.
Il fallait donc permettre aux équipages de mettre à jour leurs chronomètres. En 1818, Wauchope a une idée: utiliser une boule, hissée sur une barre verticale, qui tomberait sec sur les coups de 13 heures pour mettre les pendules à l’heure. La barre serait érigée dans les ports et visible des bateaux au large par longue vue. La boule serait hissée à 12h55 pour donner le temps aux marins de se préparer.
La première boule tombe en 1829, glissant en une demi-seconde sur une barre placée sur le toit de l’Observatoire royal de Flamsteed House, à Greenwich. Le succès de l’expérience est tel que le système se propage rapidement dans les ports du monde entier, qui utilisent l’essor du télégraphe pour se coordonner. La première “time ball” arrive aux Etats-Unis en 1845, au sommet de l’Observatoire naval des Etats-Unis à Washington.
Comment diable s’est-elle retrouvée au beau milieu de Times Square? Grâce à Adolph Ochs, le légendaire propriétaire du New York Times. En 1907, trois ans après avoir lancé les soirées du Nouvel An sur la célèbre place (rebaptisée en 1904 pour le journal, qui y avait installé son siège), le pauvre Ochs se voit interdire par la ville de New York de tirer des feux d’artifice sur les coups de minuit. Il décide alors de faire venir une “time ball”, hissée sur un mât à la force des bras par six hommes avec une corde (jusqu’en 1995, tout de même). Le Times quitte la place en 1913, mais la tradition perdure… avec beaucoup moins de marins.