Promotions-monstres, cohues dans les magasins, batailles entre clients: le “Black Friday” est de retour vendredi 27 novembre. La tradition veut que les magasins offrent des rabais exceptionnels le vendredi après Thanksgiving, ce qui lance le départ des courses de Noël. Mais pourquoi ce “Black Friday”?
Abraham Lincoln a fait du dernier jeudi de novembre le jour officiel de Thanksgiving, décrêté jour férié. Une tradition tacite voulait que les grands magasins commencaient leurs offres de Noël après la fête. Au début du XXe siècle, dans le bouillonnement économique des “Roaring twenties”, beaucoup de grandes enseignes se sont mises à organiser des parades et autres rassemblements festifs pour marquer le coup d’envoi des soldes. Macy’s a ainsi créé la sienne en 1924 à New York. Elle existe encore aujourd’hui.
Petit à petit, le vendredi est devenu une référence. Le succès commercial était tel que beaucoup d’absences étaient constatées dans les entreprises. En 1939, lors de la Grande Dépression, les commerçants demandèrent au Président Roosevelt de décaler la date de Thanksgiving d’une semaine pour que la période des achats de Noël dure plus longtemps. Ainsi, du dernier jeudi de novembre, Thanksgiving est passé au 4e jeudi de novembre – certaines années, il y avait en effet cinq jeudis dans le mois. C’est ainsi que les promotions monstres du lendemain de Thanksgiving se sont uniformisées aux États-Unis.
Quant aux origines du nom de “Black Friday”, plusieurs rumeurs circulent. Première version: au début du XIXe siècle, au lendemain de Thanksgiving, les esclaves auraient été bradés pour aider les propriétaires terriens à passer l’hiver. Cette rumeur entraine chaque année des boycotts de “Black Friday”. Elle a été démentie.
Une autre explication apparaît dans les années 80. Selon elle, les commerçants marquaient à l’encre rouge les déficits dans leurs comptes et à l’encre noir les profits. Le “Black Friday” étant le jour où les commerçants passaient du rouge au noir grâce aux soldes, le vendredi post-Thanksgiving aurait été renommé “Black Friday.”
Une histoire créée de toute pièce selon Bonnie Taylor Blake, chercheuse en neurosciences à l’université de Caroline du Nord et passionnée d’étymologie. Après avoir étudié plusieurs journaux et documents historiques, elle affirme que le terme “Black Friday”, utilisé pour designer le crash de 1929, a refait surface en décembre 1961. Il apparait dans une publication officielle de la police de Philadelphie. Les agents appelaient le vendredi en question “Black Friday” en raison des embouteillages causés ce jour-là par les fans de football qui venaient tous les ans à Philadelphie assister, le samedi, au derby Navy-Army, entre deux équipes de West Point. Pour ajouter du désordre au désordre, certains supporters en profitaient pour se servir dans les magasins bondés.
“Les policiers de Philadelphie utilisaient ce terme d’une manière humoristique pour décrire une journée qui était désastreuse pour eux à cause de tous les bouchons et du monde qu’il y avait downtown. Ca leur donnait beaucoup de travail en plus” , explique Bonnie Taylor Blake.
Le phénomène se reproduisant tous les ans, les habitants de Philadelphie ont adopté l’expression. Au grand dam des commerçants qui la jugeaient trop péjoratif. Ils ont même voulu le changer en “Big Friday”. En vain. En utilisant le message des comptes passant du rouge ou noir, ils sont parvenus à donner une acception positive au terme, qui s’est répandu pour devenir, dans les années 90-2000, le synonyme de la cohue commerciale que l’on connait aujourd’hui.