Adam Gopnik pense avoir trouvé la solution pour vaincre Donald Trump: “le front républicain” à la française qui avait permis de défaire Jean-Marie Le Pen en 2002.
Dans un article paru jeudi 3 mars, la plume du New Yorker appelle à l’union des anti-Trump, mais s’inquiète de l’impossibilité des candidats républicains actuels à faire bloc contre le tonitruant candidat à la candidature. Contrairement à la France, écrit-il, où l’extrême-droite de Marine Le Pen et de son père a été “mise en quarantaine” de la droite conservatrice “respectable“, “l’une des plus grandes étrangetés – et tragédies – de la vie américaine, en revanche, est que l’extrême droite n’a été que ponctuellement écartée par la droite raisonnable.”
Pour le journaliste, les Etats-Unis sont confrontés avec Trump au même danger que la France avec Le Pen. Notant des ressemblances de discours sur l’immigration, les avantages sociaux et l’islam, il n’a d’ailleurs pas été surpris que Jean-Marie Le Pen apporte son soutien à Trump dans un tweet. Pourquoi donc les républicains anti-Trump ne réagirait pas de la même manière que les socialistes français en 2002, eux “qui trouvaient Chirac sans principes, médiocre et très corrompu” ?
Adam Gopnik l’espère mais n’y croit pas vraiment. “On pourrait s’attendre à voir des conservateurs pensifs tenter de repousser la folie aussi rapidement que possible. Mais ils ne le peuvent pas. La folie est une addiction, leur langue, leur vie: Marco Rubio, de l’establishment, insiste qu’Obama veut faire du mal au pays; Ted Cruz aussi, et dit que la Maison blanche protège Hillary Clinton pour lui éviter une condamnation (…) C’est comme si, alors que le Joker est sur le point de prendre le contrôle de Gotham City, le commissaire Gordon pensait que Bruce Wayne était le vrai problème parce qu’il a trop d’amendes pour qu’on lui fasse confiance.”
Gopnik fait fi dans son article des imperfections du front républicain de 2002, passant sous silence le fait que toute la gauche n’a pas soutenu Chirac au second tour et que ce barrage n’a pas empêché le Front national de progresser. Mais il met les républicains au défi. “Les socialistes français ont été prêts à souffrir en silence et voter pour Chirac (…) On saura si les conservateurs républicains sont sérieux si, autour d’octobre, le clan Bush soutient Hillary tacitement ou ouvertement.”