Les amateurs de chocolat sont en fête. Le chocolatier Eric Girerd a ouvert une nouvelle boutique sur Newark Avenue, l’artère commerçante de Jersey City (New Jersey). Juste à temps pour Pâques et vingt ans presque jour pour jour après l’ouverture de son premier Atelier du Chocolat.
Ce petit dernier a des allures de nouveau départ pour l’artisan sacré par le New York Times parmi les meilleurs chocolatiers des États-Unis – et dont les caramels avaient aussi tapé dans l’œil du quotidien en 2013. La boutique remplace l’adresse – dans le complexe résidentiel Grove Pointe – que le chef a dû fermer pendant la pandémie à la suite d’une augmentation de loyer. En janvier 2021, il avait lancé une campagne de crowdfunding pour l’aider à financer son déménagement. L’initiative avait permis de lever 5 000 dollars.
Avant d’arriver dans le New Jersey, le chef Girerd a fait le tour du monde. Fils et petit-fils de chocolatiers, il a fait ses armes à Lyon avant de passer quatorze ans (1972-1986) à l’Auberge du Père Bise, le fameux trois étoiles de Talloires (Haute-Savoie), en tant que chef chocolatier et responsable des desserts. « Comme l’Auberge était fermée pendant une partie de l’année, Monsieur François Bise m’a demandé de l’accompagner, lui et d’autres, pour ouvrir des restaurants. À l’époque, plusieurs chefs poussaient la gastronomie française – Paul Bocuse, Roger Vergé, Alain Chapel. J’étais toujours avec eux en hiver ». Il travaille notamment au Maroc, en Asie, au Vénézuela et dans des étoilés français, comme la Pyramide Vienne, où il régale notamment Robert Doisneau, Gabe Galloway et Charles Aznavour.
En 1994, il arrive aux États-Unis sur un coup du sort. « Je devais aller au Japon, mais au bout de plusieurs mois, je n’avais toujours pas de visa. Un ancien collègue m’a appelé en me disant: ‘Si tu ne l’obtiens pas dans les quinze jours, viens à New York. Tu trouveras du boulot’. Je suis arrivé quinze jours plus tard », se souvient-il. Il prête son savoir-faire à plusieurs tables prestigieuses, dont le mythique Tavern on the Green à Central Park.
Après un détour de quatre ans par la Corée du Sud, il revient aux États-Unis et ouvre le 18 mars 2002 L’Atelier du Chocolat, un projet personnel qu’il nourrissait depuis longtemps. « En août 2001, nous avions acheté tout le matériel pour démarrer. Puis nous avons vu les tours s’écrouler. Ma femme était en pleurs. Elle m’a demandé ce que nous allions faire. J’ai dit : on y va ! ».
Après Greenpoint, où il démarre son business, il jète son dévolu sur Jersey City. « J’ai toujours pensé que cette ville représentait l’avenir ». Tout en approvisionnant plusieurs grands hôtels (Sofitel, Ritz Carlton…), il ouvre aussi une petite boutique à Flatiron (fermée depuis 2018).
Dans le nouvel Atelier de Newark Avenue, il propose les chocolats originaux (ylang-ylang, rose-framboise, gingembre-fraise…) et les pâtisseries qui ont fait son succès (mille-feuilles, Paris-Brest, mousses, éclairs, pavlovas, boudoirs à base de pâte de macaron…), agrémentés de créations véganes pour plaire à l’importante communauté indienne du coin. « Ça fait toujours quelque chose d’ouvrir une nouvelle boutique. On est toujours là au bout de vingt ans !, se félicite-t-il. Je remercie les clients de m’avoir accordé leur confiance pendant tout ce temps. Ce n’est pas évident tous les jours, mais c’est une passion. Autrement, je ferais autre chose. »