Tout téléspectateur de la TV française dans les années 80 connaît le ton lyrique et un brin dramatique de Frédéric Mitterrand. Un ton qui sied parfaitement aux discours officiels et le ministre de la Culture ne s’en est pas départi pour faire honneur à Eva Marie Saint, l’actrice de la Mort aux Trousses, à l’écrivain James Ellroy – « le maître des rêves en noir et des contre-histoires » – ou encore au réalisateur Gus Van Sant, tous les trois sacrés chevaliers des arts et des lettres.
Depuis son pupitre bleu blanc rouge installé face au jardin de la villa, Frédéric Mitterrand a aussi remis la Légion d’Honneur à l’écrivain Alain Mabanckou, et a salué son «mic-mac identitaire tricontinental, son ironie voltairienne, sa poésie». L’auteur des « Mémoires d’un Porc-Epic » (Prix Renaudot en 2006) est né au Congo, a travaillé en France et enseigne aujourd’hui la littérature francophone à l’université UCLA à Santa Monica.
Pour le « petit-fils nègre de Vercingétorix » comme il se surnomme, cette distinction va avant tout à la langue française : «parler le français ici, là où elle est une langue étrangère, lui donne encore plus de beauté et de pureté». La médaille au revers de son veston évoque elle le souvenir de son grand-père. «A chaque fois que je suis décoré, il se rappelle à moi, il fait crépiter les micros comme tout à l’heure. En tant qu’ancien combattant de la France qui n’a jamais été décoré, il trouve peut-être injuste que l’on décore à sa place un écrivain !», rit-il.