L’Etat islamique devrait avoir peur de l’armée française. Très peur.
C’est en tout cas l’avis de Michael Shurkin, politologue au sein de la non-profit RAND et ancien du renseignement. Il signe dans Politico une tribune intitulée “La manière française de faire la guerre”, dans laquelle il explique pourquoi l’armée française est redoutable. “Quoi qu’ils fassent en plus des récentes frappes aériennes (sur Raqa, fief de Daech en Syrie, ndlr), ils vont agir de manière mesurée et réfléchir d’abord. Ils pourraient agir discrètement, si discrètement qu’on en n’entendra jamais parler. Mais une chose est sûre: si les Français sont déterminés à faire du mal à quelqu’un, ils le feront” , écrit-il, battant en brèche l’image d’une armée faible, héritée de Dien Bien Phu.
Manque de ressources
Pourquoi trembler? Contrairement à l’approche “go big or go home” américaine, la manière française “reflète le manque de ressources des militaires et sa modestie quant à ce qu’elle peut accomplir, soutient-il. (Les Français) se spécialisent dans des opérations de petite ampleur mais létales, souvent en coulisses.”
“Les Français visent bas et aspirent à réaliser le minimum requis. Les militaires sont violents: s’il y a besoin de recourir à la violence, ils envoyent l’armée, sinon non” . Il s’appuie notamment sur l’exemple de l’intervention française au Mali en 2013, où les militaires ont utilisé “tout ce qu’ils avaient sous la main – forces spéciales et conventionnelles, tanks, infanterie, artillerie, hélicoptères, avions de combat- d’une manière orchestrée et intégrée qui a utilisé toutes les ressources disponibles au maximum” .
Pour résumer, “les Français au Mali ont joué en Major League Baseball” . L’intervention aurait, selon l’auteur, même forcé l’admiration des observateurs américains. “Le seul mot qui leur venait à la bouche était respect” .
Critique de l’armée US
En creux, Michael Shurkin explique que l’approche française rend nos militaires plus ouverts à la prise de risque que les Américains. “(Les Français) espèrent atteindre des objectifs limités à travers l’usage de la plus petite force possible, ce qu’ils appellent “juste mesure”, à savoir juste ce qu’il faut pour faire le job. Cela signifie connaitre les limites, et d’accepter des risques que les Américains ne veulent pas et ne doivent pas encourir. Par exemple, les Français ont accepté d’aller au Mali sans avoir assez de ressources médicales. L’armée américaine n’aurait probablement pas fait ce choix.”
Mais, tout en encensant “la guerre intelligente” des Français, l’expert reconnait que la France a besoin des Etats-Unis. “Ils savent précisément ce qu’ils ont besoin des Etats-Unis, comme le réapprovisionnement aérien, les renseignements, la surveillance, la reconnaissance et des avions cargo. Quand les Etats-Unis fournissent l’une de ces choses (…), les Français sont déchainés. La coopération n’est pas uniquement étroite, elle est efficace, même si elle se déroule d’ordinaire en coulisses.”
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