L’administration Trump a fait un petit cadeau de fin d’année aux candidats à la citoyenneté américaine. Ceux qui soumettront leur dossier à partir du 1er décembre inclus devront passer un test de naturalisation allongé. L’annonce, faite le 13 novembre par l’USCIS (U.S. Citizenship and Immigration Services), l’agence chargée de l’immigration, a provoqué une levée de boucliers.
Administré à tout individu qui souhaite acquérir la nationalité américaine, le nouveau test comportera 20 questions posées oralement par un agent, contre 10 dans la version antérieure (qui date de 2008). Comme avant, le candidat devra répondre correctement à 60% des questions, soit douze au total (contre six pour la version précédente). Ces questions portent sur l’histoire des États-Unis, les institutions du pays, ses symboles et valeurs.
Autre changement: la liste des questions et des réponses à étudier en vue du test a été allongée. Elle passe à 128 contre 100 pour la version de 2008. Ces modifications s’inscrivent dans la révision décennale engagée par l’USCIS pour “s’assurer que le test demeure un outil qui évalue de manière exhaustive les connaissances du postulant sur l’histoire américaine, le gouvernement et les valeurs civiques“. Le nouveau test a été soumis pour examen à plusieurs organisations et volontaires à travers le pays au cours de l’été 2020, précise l’agence dans un communiqué.
La partie linguistique du test, elle, ne change pas: les postulants qui n’en sont pas exemptés en raison de leur âge ou la durée de leur présence sur le sol américain devront se soumettre à des épreuves orales, écrites et de lecture destinées à évaluer leur niveau d’anglais.
Plusieurs associations de défense des immigrés ont critiqué ce nouveau test, accusé de rendre le processus de naturalisation plus compliqué, et appellent la future administration Biden à revenir dessus. Elles craignent aussi qu’il prendra plus de temps à administrer dans un contexte où l’USCIS fait déjà face à de nombreux retards à cause de la Covid et du volume important de prétendants. En effet, dans la nouvelle version, les agents sont tenus de lire les vingt questions, même si les candidats ont donné le nombre suffisant de bonnes réponses. Auparavant, ils s’arrêtaient dès qu’un candidat avait atteint le seuil des six bonnes réponses.
En outre, le Washington Post a noté que certaines des nouvelles questions sont plus techniques et politiques. Alors que les deux tests demandent “qui représente le sénateur des États-Unis ?“, la réponse de 2008 – “toutes les personnes de l’État“- a été remplacée en 2020 par “les citoyens de l’État“. Une nuance qui semble refléter la volonté du gouvernement Trump d’exclure les immigrés en situation irrégulière de la représentation nationale, analyse le journal.
Laurent Vonderweidt, avocat d’immigration français en Californie et à Paris, relativise les nouveaux critères de sélection. “Comparé à ce que l’on demande aux gens qui veulent devenir français, le test reste très accessible !”, souligne-t-il. Le conseil qu’il donne à ses clients est le même qu’avant: “c’est comme le permis de conduire. Il faut le prendre sérieusement, s’assoir pour étudier les réponses suffisamment à l’avance. C’était vrai hier, c’est vrai aujourd’hui. Peu de gens savent combien il y a d’étoiles sur le drapeau américain par exemple“.
L’entrée en vigueur de ce nouveau test intervient deux mois après qu’un juge fédéral en Californie a suspendu la décision de l’USCIS d’augmenter de 81% les frais liés aux dossiers de naturalisation. Ces frais seraient passés de 640 à 1 160 dollars.