Plus de trente ans après avoir posé ses valises en Californie, Pierre Truyoo, 59 ans, conserve l’amour des produits du terroir français. Depuis 2002, ce Palois installé à Los Angeles en fait d’ailleurs commerce, et est même devenu l’un des plus grands importateurs de vins de toute la Californie du Sud. Un succès qui ne doit rien au hasard. Dès son plus jeune âge en effet, Pierre Truyoo songeait à franchir l’Atlantique : «A 5-6 ans, mon grand-père m’a offert une petite voiture américaine, une Studebaker. Je suis sorti dans la rue Lavigne, devant chez moi, et je l’ai comparée à celles qui étaient garées. C’était un autre univers ! Je me suis dit que l’Amérique devait être un pays formidable.»
Fasciné par les Etats-Unis, le Palois tente même, à 16 ans, de partir à Bordeaux pour s’engager sur un cargo et traverser l’océan. Son entreprise n’est pas couronnée de succès, mais ce n’est que partie remise. Après l’obtention de son bac, puis de son brevet hôtelier, Pierre Truyoo est engagé pour travailler sur les paquebots de croisières. La chance veut qu’il soit affecté à Miami, port d’attache des voyages vers les Caraïbes. «Je me suis immédiatement plongé dans la culture américaine. J’étais fasciné.»
Un retour en France pour effectuer son service militaire, puis le déclin des croisières, n’entament pas sa détermination. La rencontre d’un patron de restaurant français, quelques années plus tôt à Los Angeles, lui ouvre ainsi de nouveaux horizons : «En 1978, j’envisageais de créer un restaurant à Paris. Mais ce patron m’a appelé pour me dire que l’un de ses amis cherchait un maître d’hôtel. J’ai pris le premier billet d’avion et je suis parti le 27 mai, pour commencer le 1er juin.»
Engagé par le restaurant «le Bernard» à Los Angeles, Pierre Truyoo y passe 8 années, avant de se voir proposer la direction du mythique «Château Marmont», hôtel des stars par excellence. «Je travaillais 16 heures par jour, toute la semaine. Je venais de me marier et d’avoir mon fils, ma femme était enceinte de notre fille, je ne voulais pas être un étranger pour mes enfants. Un importateur de vins m’a proposé de venir travailler avec lui et je suis donc devenu indépendant contracteur.»
Fin connaisseur des restaurants de la ville et des cépages français, le Palois étend rapidement sa clientèle et travaille durant 15 ans pour différents importateurs. «J’ai grandi face aux Pyrénées et aux coteaux de Jurançon, je me suis donc facilement adapté à cet univers. Je devais être prédestiné !»
En 2002, fort de son expérience, il décide de se mettre à son compte et de créer «Truwines». Grâce à ses contacts, son fichier clientèle, son activité décolle. Un succès qui ne s’est pas démenti depuis. «J’ai su faire des choix judicieux dans la sélection de mes vins, en mettant en valeur la production française, parfois en pariant sur de petits producteurs, ce qui fait que je n’ai jamais été affecté par la crise. Je suis en constante progression et j’ai 3 personnes qui travaillent pour moi. Pour être en phase avec cette profession j’ai même passé mon diplôme de maître sommelier.»
Pierre Truyoo fait désormais venir de France un container tous les mois. Des vins qu’il stocke ensuite dans un entrepôt aménagé près de Santa Monica. «Des milliers de bouteilles s’y trouvent. C’est une réserve importante, mais le vin français a bonne réputation et il part vite. Je dois donc toujours avoir de quoi satisfaire mes clients.»
Huit ans après avoir lancé son entreprise, le Palois doit encore renforcer son équipe pour poursuivre la croissance de «Truwines». Et pour continuer ainsi à vanter les mérites de la production française, en dépit du fait que sa vie et ses repères «sont désormais, et définitivement, californiens.»
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