C’est au travers du prisme de son histoire d’amour avec Marie-Thérèse Walter que la galerie Gagosian a choisit de nous montrer Picasso. Une décision qui ravira les visiteurs jusqu’au 25 juin qui pourront ainsi redécouvrir les classiques incontournables et découvrir des pièces méconnues – certaines inédites aux Etats-Unis – provenant de collections privées.
Rassemblant les œuvres de Picasso entre 1927 et 1940, période durant laquelle il vécut avec Marie-Thérèse, ce thème de l’influence de la muse sur l’artiste donne du sens au travail complexe et mystérieux du maître. Ainsi l’on débute par les croquis hyperréalistes révélant l’homme amoureux tentant de percer jusqu’à l’obsession les secrets de cet amour naissant. Certains tableaux des débuts de leur romance se contentent d’initiales presque cachées (regardez attentivement Guitare à la main blanche !).
Rapidement ces derniers laissent place à une exploration des courbes et des couleurs pleine de sensualité qui marqua les plus grandes œuvres de l’artiste. Chaque peinture et sculpture se veut un rappel aux formes charnues et aux yeux en amandes de la jeune fille et révèle une œuvre empreinte d’innocence et de douceur, sublime hommage à celle qui fut d’abord l’adolescente ingénue rencontrée dans les rues de Paris.
Soudain les visages et corps de femmes déconstruits – parfois monstrueux – prennent un sens nouveau alors que l’on devine la distorsion comme moyen d’exploration de l’être aimé, une créativité osée et audacieuse à l’image d’une histoire d’amour longtemps restée cachée.
Alors que la conservatrice de l’exposition Diana Widmaier Picasso (petite fille de Marie-Thérèse et Pablo) travaille au catalogue raisonné des sculptures de son grand-père, c’est sans surprise que l’exposition fait la part belle aux sculptures. Moins connues elles sont ici mises en valeur et offrent comme une réponse aux questionnements sur le corps posés par les peintures.
L’espace de la galerie Gagosian est exploité à merveille, laissant à la fois de la place aux œuvres – et tout particulièrement aux sculptures – pour exister et offrant néanmoins la sensation d’un foisonnement qui laisse au visiteur le sentiment d’une plongée au cœur d’une relation amoureuse. Exposé dans une galerie contemporaine, l’œuvre de Picasso semble reprendre sa signification d’origine: celle d’un art révolutionnaire et novateur porté par une énergie créatrice aux facettes multiples et renouvelées.
On regrette bien sûr parfois l’absence d’explication ou de contextes sur les œuvres, pas de panneau mais un simple communiqué de presse vous sera remis à l’entrée. Et si ce n’était au final pas si grave de se perdre face à cet amour fou ?
Quand? Jusqu’au samedi 25 juin.
Où? Gagosian Gallery, 522 West 21st Street, New York Ny 10011
Combien? Gratuit.