“New York sera mon sommet“. Quelque part dans les Pyrénées, Philippe Pellet pense à son but ultime: New York, ville des gratte-ciel. Vertigineuse.
Il en est encore loin : deux mois, au moins. Lentement mais surement, l’ex-secouriste en montagne s’en rapproche. Parti le 31 mai de la Gare de Perpignan, “centre cosmique de l’univers selon Dali“, avec deux accompagnateurs, il progresse vers l’Atlantique en longeant la crête des Pyrénées.
Quand nous l’interviewons, jeudi, il est au Pays Basque. La prochaine grande étape de son périple est Hendaye, d’où il prendra son petit voilier pour gagner New York. A la fin de son périple homérique, il aura parcouru 700 km dans les Pyrénées, franchi 600 sommets, réalisé 2.500 miles nautiques en bateau et passé 38 jours en mer. “Comme secouriste, j’ai vu des personnes qui allaient mourir, ou dont la vie allait être changée. J’ai la chance d’être encore là. Je suis avide de curiosité. Tout ce que je fais aujourd’hui, je ne le fais pas pour la performance“.
Philippe Pellet dit “Le tronc” est un habitué des paris fous. En 2004, il a réalisé avec l’alpiniste de génie Lionel Daudet une boucle titanesque de 200 km sur les arêtes du massif des Ecrins, pendant plus de 2 mois. Après plusieurs expéditions, il retrouve Daudet en 2011 pour rallier le sommet du Mont Blanc au Lac Léman. “Quand je travaillais, j’ai sauvé la vie de milliers de victimes pour une centaine de morts. La montagne était mon lieu de travail et mon jardin. Ça reste un lieu où j’aime évoluer“.
Ebéniste de formation, l’alpiniste aventurier de 52 ans n’est pas seul dans son aventure new-yorkaise. S’il a tout financé de sa poche, il est soutenu par plusieurs artistes, qui ont créé des œuvres d’art pour le projet.
Il a également voulu impliquer les écoliers de la région, qui le suivront notamment lors de sa traversée de l’Atlantique. Bilan des courses : tout va bien. Même si l’un de ses camarades de cordée a renoncé. “J’ai un super moral. Après, il faut être prudent et sur la brèche en permanence. Même si je ne suis pas dans la performance, il faut rester présent. Il faut garder un côté guerrier.”
Sur le chemin, le guerrier montagnard a fait de “belles rencontres avec les bergers, les gardiens de refuge…, dit-il. On relâche. On se libère de ce qui est connu. On est toujours dans l’instant. Comme les maitres zen“. A New York, le restera-t-il dans le vacarme des klaxons? “New York, quand on regarde les parallèles, est à la hauteur de Luchon ” au pied des Pyrénées. Histoire de rappeler à Philippe Pellet d’où il vient.