Philippe K. Doh n’a plus grand-chose du conseiller financier classique qu’il était. Tee shirt, tongs, lunettes de soleil funky, cheveux dressés en afro, avec son allure de New Yorkais qui ne se prend pas la tête, on a du mal à l’imaginer dans le quartier financier où il a pourtant mené une brillante carrière dans de grandes banques américaines telles que Merrill Lynch ou Citibank.
Derrière la tenue décontractée, l’esprit d’entreprise, l’audace et le goût du risque sont restés. « Les créatifs manquent parfois de rigueur. Ils n’aiment pas non plus la paperasse et les histoires d’argent.» C’est à partir de ce constat que lui est venu l’idée de créer Make, une entreprise de services adaptés aux besoins des créatifs. « Make ne se contente pas de gérer le patrimoine financier de ses clients, elle prend également en charge leurs affaires personnelles et propose un certain lifestyle. »
A en croire ses propos, il ne regrette pas son ancienne vie : « Je suis carré, speed et ça me fait du bien d’être entouré d’artistes et d’originaux ». Ce changement de carrière, il le doit en partie à son épouse, la sublime Janine Green, à la fois actrice et mannequin (on a pu la voir notamment dans les publicités pour L’Oréal Paris et la série Sex and the City). C’est en l’observant, elle et ses amis, que Philippe s’est rendu compte qu’un marché était à prendre. « A force de les aider à remplir leurs déclarations d’impôts et leur expliquer comment fonctionne la couverture maladie, j’ai réalisé que je pouvais en faire un métier. » Cet univers d’artistes, de bohème, de flashs et de paillettes avait besoin d’un garde fou.
Dans cette aventure, l’atout de Philippe est sans doute son côté pragmatique. Il a su recycler ses connaissances financières et juridiques en les adaptant aux besoins d’une clientèle précise. « Ils adhèrent plus facilement au côté life style de Make qu’aux aspects juridiques et financiers. Ils aiment qu’on leur organise leurs réceptions et leurs vacances. Par contre, ils n’ont surtout pas envie qu’on leur explique qu’ils peuvent se retrouver sur la paille du jour au lendemain. Mais je les connais et je sais comment m’y prendre ». En outre, il a compris qu’il pouvait tirer avantage de l’impressionnant carnet d’adresse de sa femme.
Nombreux sont ceux qui souhaitent changer de direction et donner un nouveau sens à leur carrière. Il s’agit surtout d’avoir la bonne idée ou trouver la bonne opportunité, mais Philippe insiste sur l’état d’esprit qui va avec. « L’argent ne doit pas être une finalité en soi. Ce qui compte c’est de faire ce en quoi on croit. Et quand on fait ce que l’on aime, l’argent suit automatiquement », explique cet homme de finance qui raisonne de plus en plus comme un artiste.