Chaque année, Philippe Gaulier se déplace autour du monde pour insuffler chez les clowns en herbe l’art de la bouffonnerie. « À Los Angeles, je vais retrouver Sacha Baron Cohen, que j’ai formé à Londres, » se réjouit Philippe Gaulier. Il est vrai que l’humoriste britannique maintenant célèbre pour ses personnages d’Ali G, Borat, Bruno et le Dictateur attribue la totalité de son succès à son passage à l’école du clown français.
À l’époque, Philippe Gaulier avait été invité par le Conseil des Arts de Londres pour y enseigner, ce qu’il fit de 1991 à 2002. Outre Baron Cohen, les actrices Helena Bonham Carter et Emma Thompson sont aussi venues perfectionner leur art auprès de lui.
Cela fait maintenant près de 34 ans que l’école Philippe Gaulier a été créée. « Avant cela, j’ai été l’assistant de Jacques Lecoq pendant 10 ans, de 1970 à 1980 ; j’avais étudié à son école de théâtre de 1968 à 1970, se rappelle-t-il. J’étais donc professeur, et j’avais aussi des numéros de clown. Puis en 1980, j’ai décidé de ne faire qu’enseigner. »
Maintenant basée à Étampes, l’école Philippe Gaulier accueille chaque année plus de 35 différentes nationalités, et offre une formation de deux ans, une troisième année étant dédiée à ceux qui souhaiteraient enseigner. « En tant qu’enseignant, explique le pédagogue, dramaturge et metteur en scène français, je présente à mes étudiants toutes les possibilités. C’est eux qui choisissent selon leur goûts et leurs désirs. Moi, je n’interviens pas dans les choix, mais dans la beauté des différents mondes. »
Les étudiants sont ainsi exposés au théâtre de Shakespeare et Tchekov, au Vaudeville, aux clowns et aux bouffons. « Le clown, c’est le théâtre de la blague, c’est un très beau théâtre, souligne Philippe Gaulier. Le bouffon, c’est quelqu’un qui a été banni, mis à la porte, aux bancs de la société. C’est un paria qui revient dire la vérité du Diable », ajoute-t-il.
À Los Angeles, Philippe Gaulier est venu animer un atelier intensif de deux semaines, du 26 août au 6 septembre. Le dernier jour, le public pourra assister à la performance finale des étudiants.
Pas question pour lui de formater de petits Philippe Gaulier: « Le clown est différent selon les personnes, il faut aller découvrir chez cette personne quels sont ses gestes ridicules, ses gestes idiots. Chaque personne est idiote différemment. Quand on veut découvrir quelque chose, on passe par une série de crises, c’est comme ça que s’opère le changement. »