Le mardi soir, je vais chercher mes fruits et légumes à ma coopérative de l’East Village.
Acheter ses légumes au Six Street Community Center, c’est comme les acheter à un supermarché, sauf que :
– On ne peut y aller que le mardi soir ;
– On ne choisit pas ce qu’on veut ;
– On repart avec des légumes qu’on a essayé d’éviter toute sa vie ;
– Ils ne prennent pas la carte de crédit ;
– Il faut apporter ses sacs ;
– C’est loin de toute station de métro ;
Donc, c’est MIEUX.
Comment ça marche ? On choisit «une part » (700 dollars) ou « une part réduite » (500 dollars) et pendant six mois, chaque mardi soir, on passe chercher ses fruits et légumes.
Les fruits et légumes sont bios, et de préférence locaux. C’est-à-dire des bettes et autres racines poilues du New Jersey plutôt que des framboises de Californie. Ah, fallait pas vivre à New York.
Sur la feuille d’inscription, on coche une petite case disant qu’on reconnaît les risques qu’il y a à partager la moisson de la saison (on achètera nos médicaments en groupe ?).
En s’inscrivant, on note aussi quel petit travail on est prêt à faire. Installer les caisses de légumes, écrire les recettes de cuisine de la newsletter, organiser un pique-nique…
Mardi, je préparais le petit magasin. Autrement dit, j’ouvrais des caisses que je posais sur des bancs. Marilia, que j’ai attirée dans ce traquenard accrochait les étiquettes. « Champignons. Une part : une livre. Une part réduite : une demi-livre. » Un voisin arrivé en avance m’a suggéré d’écrire « prenez tout ce que vous voulez » au dessus du carton de choux de bruxelles. « J’ai horreur de ça. »
On remplit ensuite nos sacs en pesant nos légumes sans tricher et on repart avec nos trois kilos de choses bonnes pour la santé.
Alors ? Convaincu ? Vous croyez que c’est chez Whole Foods que vous auriez le droit de faire vous-même les étiquettes de ce que vous allez acheter ?
Il n’y a pas que ma coopérative à New York. Dans l’East Village, vous pouvez aussi aller à celle de la 4ème rue. A Brooklyn, celle de Park Slope, la Rolls Royce de la Coop, dit avoir 12.000 membres (la mienne en a 33). Ne pas rater sur leur site la page de petites annonces pour ceux qui essaient d’échanger leur boulot (« ma mère vient pour le week-end, qui peut faire la caisse à ma place ? ») J’ai appelé un copain qui s’y était inscrit il y a quelques années pour savoir s’il en était toujours content. Non, on n’y va plus. Pourquoi? Les enfants… Compliqué… Il a baragouiné une purée d’excuse avant de lâcher le morceau : « on en avait marre de bosser ».