A Paris, les bagel shops ouvrent à tour de bras. A New York, on mise sur le jambon-beurre. Le Petit Parisien vient d’ouvrir ses portes dans une rue tranquille de l’East Village, avec un concept : des sandwiches “à la française”, dans du pain baguette.
“On est parti du constat qu’on avait du mal à trouver de bons sandwiches ici. Souvent, il y a mille ingrédients dedans, on ne sent plus rien, tout est noyé. On veut offrir des sandwiches simples, de bonne qualité”, explique Louis Testanière, le manager coiffé d’un béret du Petit Parisien.
Au menu : jambon-beurre, jambon-fromage, rillettes, saucisson-cornichons… Il y a aussi un sandwich au foie gras, et un autre à la Fourme d’Ambert. “On s’est demandé à un moment si on allait faire quelque chose à la carte, à l’américaine, où l’on puisse choisir ses ingrédients. Mais en fait, on pense qu’on sait bien quels sont les meilleurs accords, et on a décidé de faire une carte fixe, avec un choix limité”, affirme Louis Testanière, qui a passé les dernières semaines à tester diverses boulangeries, charcuteries et fromageries pour trouver les bons fournisseurs.
“Le plus dur à trouver, c’était la baguette. On avait vraiment une idée précise en tête. On a fini par prendre celle d’Orwasher. On vient de s’équiper de fours pour pouvoir terminer la cuisson sur place, pour qu’elles soient toujours fraiches”, raconte Louis Testanière.
Le milieu de la restauration n’est pas complètement nouveau pour lui : diplômé d’une école hôtelière, il a travaillé dans divers hôtels de la côte d’Azur avant de gérer, pendant deux ans, le bar du théâtre de l’Atelier, à Paris. Il s’est installé à New York il y a deux ans avec sa femme, une mannequin française.
Le projet du Petit Parisien a été lancé il y a six mois par deux de ses amis, Paul et Jean Dupuy, 26 et 29 ans. Les deux Français, qui vivent entre Paris et New York, avaient un peu d’argent à investir, et ont voulu allier le concept des sandwiches à leur histoire familiale.
Ces deux jeunes hommes, qui sont oncle et neveu, sont en effet les héritiers de la famille Dupuy, propriétaire du journal Le Petit Parisien. Ce quotidien né à la fin du XIXème siècle, très populaire pendant la première moitié du XXème siècle, a tiré jusqu’à un million d’exemplaires. Il a connu des heures sombres pendant la Seconde guerre mondiale, passant sous contrôle de la propagande, puis cessant d’exister à la libération.
Pour ressusciter la mémoire du Petit Parisien, Paul et Jean Dupuy ont non seulement donné le nom du journal à leur sandwicherie, mais ont aussi tapissé leur local rétro-branché avec les “Une” retrouvées dans leurs greniers. Des articles, dessins ou publicités d’un autre temps, très amusantes à regarder.
On prend son casse-croûte à emporter, ou on le mange sur place, sur une table en bois, en écoutant une playlist de variété française rétro (Piaf, Aznavour). “Bon, ça, ça va peut-être changer, parce que je suis pas sûr de pouvoir le supporter longtemps”, plaisante Louis Testanière, tout en découpant une baguette. Il y a aussi des chaises dehors.
On a goûté la version jambon-beurre-comté (10$) : efficace, très simple et rassasiant, avec d’épaisses tranches de fromage et du jambon blanc à la française. Et le pain est excellent. Le Petit Parisien propose aussi quelques viennoiseries, cookies et sucettes Pierrot Gourmand pour le dessert. Il y a aussi des espressos et du thé Mariage Frères.